Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Gabon    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article




  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Politique

André Mba Obame peut-il revenir ?
Publié le mardi 16 septembre 2014   |  Gabon Review


André
© Autre presse
André Mba Obame, homme politique gabonais


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Le secrétaire exécutif de l’Union Nationale est miné par des problèmes de santé. Si de nombreux observateurs ne croient plus en son retour, son électorat continue à espérer et à attendre son retour.

De là où il se trouve, André Mba Obame continue d’alimenter la chronique, de nourrir le débat. La présidentielle de 2016 est déjà dans toutes les têtes, sur toutes les lèvres. Bien qu’en politique, le temps n’ait pas toujours le même sens que dans la vie quotidienne, le secrétaire exécutif de l’Union Nationale sait qu’il est normal que les uns et les autres affûtent leurs armes 2 ans avant. Or, sa situation personnelle n’est pas toujours à son avantage : membre-fondateur et dirigeant d’un parti privé de sa reconnaissance administrative et passé à la semi-clandestinité, il est surtout miné par de sérieux ennuis de santé. En homme politique d’expérience, il se livre alors à un de ses exercices favoris : la construction d’énigmes. Entre silences éloquents, messages subliminaux, il construit sa légende. La mise en récit de sa propre histoire est en marche. Elle se fait d’autant plus aisément que des titres comme La Griffe, réputés hostiles à sa personne, n’ont de cesse de le mêler à tout, de voir son ombre ou son influence partout.

Pour autant, cette stratégie de la mythification à laquelle l’actuelle majorité contribue largement malgré elle, ne va pas sans écueils. Absent de la scène politique depuis un peu plus de 2 ans, ne s’étant plus exprimé publiquement depuis septembre 2013, André Mba Obame voit certains de ses proches envisager l’avenir sans lui ou tout au moins prendre une direction imprévue et pas toujours concertée. En août 2013, son conseiller politique, Joseph John-Nambo lance «L’appel de Ma’ameni» pour s’opposer à l’enrôlement sur les listes électorales, au grand dam du directoire de l’Union Nationale. Fin novembre de la même année, il annonce, depuis Paris, la création d’un courant dénommé «Souverainistes». Début février 2014, Jean Ping prend ses distances avec le régime en place et lance, dans la foulée, une OPA sur le courant «Souverainistes», essentiellement composé de «ministres du gouvernement alternatif» mis en place en janvier 2011 par… André Mba Obame.

Mauvaise passe pour celui qui avait jusque-là fait la quasi-unanimité dans sa famille politique et qui, en encourageant les siens à poursuivre le combat sans lui, avait cru conjurer tout risque de dissension. Le 15 juin 2013, il les invitait à méditer «3 mots sans lesquels rien n’est possible et avec lesquels tout est possible : la confiance d’abord, la loyauté ensuite, le courage enfin». En dépit de cela, la confiance et la loyauté semblent ne plus être au rendez-vous. Certes, personne n’est encore passé à l’autre rive. Mais, les querelles de clochers et divergences d’approche ont fini par semer doute et confusion au sein de l’électorat. Comme jamais, des interrogations sur le rôle supposé et la stratégie d’André Mba Obame empoisonnent le climat. Le malaise est tel que, prenant la mesure de l’enjeu, il lança, en septembre 2013, un appel à l’enrôlement et à la participation aux élections, qui redonna de l’intérêt à un processus jusque-là en panne. Opportunément, il apportait la preuve de sa capacité de mobilisation et livrait le sens politique de ces Locales autant qu’il traçait des perspectives d’avenir : «Les prochaines locales seront une répétition générale du scrutin majeur à venir», proclamait-il alors.

Théologie de la libération

Si l’adhésion populaire à son appel atteste de ce que le secrétaire exécutif de l’UN conserve son crédit, son poids politique, la marche de l’histoire ne dépend pas pour autant de lui. Même s’il a averti que «si Dieu le veut», il rejoindra bientôt ses pairs de l’opposition au sein du Front pour l’alternance, l’avenir semble désormais se dessiner sans lui. Mais, en politique, les choses peuvent aller vite. Très vite. Rien n’est donc joué. Et c’est en toute logique que la question est dans tous les esprits : André Mba Obame peut-il revenir ? Le Front de l’opposition pour l’alternance ayant consacré le principe d’une candidature unique, de nombreux observateurs ne le voient pas y prendre part. Parmi eux, il y en a même qui sont convaincus que physiquement il ne sera jamais en état de prendre part à un tel processus d’ici 2016.

Si cette hypothèse se vérifiait, une consigne de Mba Obame pourra-t-elle peser sur la prochaine présidentielle ? Il est d’autant plus difficile de répondre définitivement à cette question que, dans son appel pour les Locales, il se projetait lui-même vers la présidentielle à venir. En clair, il n’est guère osé de dire que l’adhésion massive à son appel de septembre 2013 visait avant tout à lui offrir les outils d’une analyse plus fine et d’une meilleure préparation au «scrutin majeur à venir». Autrement dit, c’est parce que sa base nourrit l’espoir de le voir se porter de nouveau candidat qu’elle a consenti à prendre part à cette «répétition générale». Si elle semble s’accommoder des postures et positionnements actuels, c’est davantage par discipline partisane, pour coller à Zacharie Myboto, perçu comme la figure tutélaire.

En septembre 2013, André Mba Obame confiait : «Seule notre détermination et notre sens de l’organisation nous permettront d’aborder les prochaines échéances majeures en position de force». La constitution du Front de l’opposition pour l’alternance s’inscrit-elle dans cette direction ? Certains de ses proches en sont convaincus. «Le Front peut aider à construire un mécanisme commun et unique de contrôle et de surveillance du prochain scrutin», analyse l’un d’entre eux. «Il peut aider à occuper le terrain», poursuit un autre, qui tranche : «Le plus important c’est d’arriver à créer une vraie dynamique durant la campagne. N’oublions jamais que 2 semaines avant le lancement de la dernière campagne, pas grand monde ne croyait en AMO. La campagne c’est quelque chose de difficile à cerner, un mélange d’affect et d’intellect».

Pour l’heure, le mystère Mba Obame s’épaissit. En cas de retour, il pourrait donner aux choses une tonalité imprévue, bien éloignées des constructions intellectuelles et des idées véhiculées par les cours de sciences politiques. «Dans un pays où la majorité de la population se dit croyante, son retour pourrait être lu comme un signe du destin auquel les gens ne manqueraient de donner une connotation mystico-religieuse», analyse un ancien journaliste au quotidien l’Union, qui ajoute : «Sa présence au Vatican lors de la canonisation de Jean-Paul II ferait alors l’objet de toutes les interprétations et pourrait emballer les choses, au risque de conduire l’actuelle majorité à une faute fatale». Ancien séminariste, diplômé de sciences politiques, André Mba Obame a, effectivement, gardé de son passage à Saint Kisito d’Oyem et de sa formation universitaire, un certain penchant pour la théologie de la libération. Il a désormais 2 ans pour se reconstruire ou se déterminer. Rarement, la situation n’a été aussi indéchiffrable, incertaine. Mais, sauf à croire que tout est joué d’avance, rarement une élection s’est déroulée comme prévu 2 ans à l’avance….

 Commentaires