Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Gabon    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Education
Article




  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Education

La pédagogie de Sidonie Ouwé pour les élèves «vandales»
Publié le mercredi 18 decembre 2013   |  Gabon Review


Le
© Autre presse par DR
Le ministère public conduit par le procureur de la République, Sidonie Flore Ouwé (au centre)


 Vos outils




Après le faux bond du 4 décembre dernier, le procureur de la République, Sidonie Flore Ouwé, s’est sentie comblée, le 17 décembre 2013, de l’intérêt qu’ont porté les parents des lycéens mis en cause pour vandalisme présumé lors des dernières manifestations lycéennes de Libreville. Les membres de la Conasysed étaient également présents à sa séance de pédagogie relative aux débordements des protestataires du 4 décembre dernier.

Le message lancé le 10 décembre dernier aux parents d’élèves présents à sa convocation et aux élèves absents ce jour là par le procureur de la République, Sidonie Flore Ouwé, était clair : «toutes les personnes qui ont été interpellés doivent être ici dans la salle pour que le message soit entendu et compris par tout le monde. Et si les parents absents ne venaient pas à répondre à la convocation, le ministère public prendra toutes les mesures pour les y contraindre». Un avertissement qui semble avoir été compris par tous. Car il n’a pas fallu plus pour que la salle des audiences correctionnelles du palais de justice de Libreville soit investie le 17 décembre 2013 par les invités du procureur.

«Je remercie les parents d’avoir répondu positivement à cet appel, cela peut nous permettre de réaliser qu’ils tiennent à la vie de leurs enfants», a lancé Sidonie Flore Ouwé, comme pour planter le décor de la réunion de sensibilisation et de conseil aux élèves ayant été interpellés le 4 décembre dernier lors de la grande manifestation contre les réformes dans le secteur de l’Education.

Protestation et droits constitutionnels

«J’ai cru bon d’attirer votre attention dans un but purement pédagogique sur le comportement intentionnel de nos enfants. Et vous rappeler que nul n’a le droit ou le monopole de violer la loi sans être inquiété, surtout lorsque l’auteur de cette infraction a atteint la majorité pénale qui est 13 ans dans notre pays», a-t-elle déclaré avant de rappeler le mobile de cette rencontre qui, selon les membres de la Conasysed, omettait un aspect tout de même fondamental : la «sensibilisation des forces de l’ordre sur leur droits et leurs devoirs» vis-à-vis de la population.

«S’il est admis que dans le respect des droits des uns et des autres, la protestation rentre dans le chapitre des droits fondamentaux reconnus dans la constitution gabonaise, donc chacun de nous peut valablement s’en prévaloir, il faut que celle-ci se passe dans le strict respect de la loi en vigueur. Rien donc ne peut justifier par ailleurs la barbarie et les actes de vandalisme posés par certains élèves au cours de cette marche», a-t-elle rappelé le procureur de la République.

«Cela fait progresser quelle cause lorsque ces actes visent les personnes qui n’ont absolument rien à apporter à leur revendication mais qui sont des cibles pour des marcheurs lorsqu’ils ont commis l’erreur ou parfois eu la malchance de se trouver sur le trajet de leur marche ? Sur quel fondement les contestataires d’une mesure peuvent penser qu’ils sont propriétaires de la voie publique et de s’octroyer le droit de tout casser sur leur passage parce qu’ils effectuent une marche ? Qui a instruit ces enfants à porter volontairement les coups occasionnant des blessures sur les autres compatriotes vêtus de symbole de la République, j’entends par là les gendarmes dont le nombre de blessés grièvement et qui sont encore hospitalisés est porté à 5. Ces gendarmes sont également des parents d’élèves. Il en est de même pour les victimes des 12 véhicules saccagés par les marcheurs. Ce qui nous permet nous parent d’élèves de penser que nous ne sommes pas à l’abri des barbaries imputables à nos enfants.», a-t-elle stigmatisé

Pour le ministère public, le paquet de la République de Libreville ne tergiverse pas sur la question du maintien de l’ordre public par tous les moyens légaux pour obtenir ou pour garantir la sécurité des biens et des personnes à travers le pays. «Il faut comprendre que sans la sécurité, il ne peut y avoir de développement ou de progrès social. Cette sécurité doit être garantie en amont par une police sécuritaire acquise sur la dissuasion et en aval par une répression ferme des délinquants identifiés», a souligné Sidonie Flore Ouwé au cours de son adresse aux allures d’homélie.

Estimant que cette rencontre visait à partager, avec les tuteurs des élèves interpellés, l’enjeu des actes posés par ces derniers afin que nul n’en ignore et que les parents puissent continuer à porter le message aux enfants dans leurs différents ménages, de sorte que, lors d’une éventuelle marche qu’ils agissent tout en sachant l’intérêt du respect des droits d’autrui ainsi que les limites de leur droit, mais aussi le risque de violer la loi, le procureur de la République en compagnie des magistrats qui l’accompagnaient, a pris une décision saluée par les bénéficiaires et le corps enseignant.

Pas de poursuites judiciaires contre les élèves présumés vandales

«Je vais classer sans suite toutes les procédures qui ont été présentées par nos vaillants soldats des unités de police judiciaire. Nous décidons volontairement et de façon délibérée à ne pas poursuivre ces enfants. Mais les actes qui ont été posés peuvent être poursuivis, peuvent exposer leurs auteurs à répondre de ceux-ci devant le tribunal pendant 10 ans à compter de la commission de l’acte. Cette mesure n’est soumise à aucune formalité», a décidé le procureur de la République. «Le classement sans suite consiste, pour un magistrat du parquet de la République, de ne pas donner suite à une affaire conformément aux principes de l’opportunité de poursuite. Il n’a aucun caractère définitif, il peut être révisé à tout moment jusqu’à ce que la prescription soit acquise. Ça voudrait dire que le procureur peut l’exhumer», a-t-elle expliqué.

«Nous sortons de la rencontre satisfaits, pour les sages conseils que madame le procureur a émis à l’endroit de nos enfants. Elle s’est constituée comme parent et elle nous a conseillé en nous demandant de garder nos enfants et de veiller sur leur éducation tant bien à la maison que dans leurs différents milieux scolaires. Et c’est tout à fait normal. Nous-mêmes, nous avons condamné avec ferveur les actes de vandalisme car, il n’est pas interdit de marcher, mais il faut le faire selon ce qui est prévu par la constitution», a confié Ovono Jean.

L’attitude blâmable des forces de l’ordre

«Nous nous réjouissons pour cette action pour laquelle les enfants ont été libérés et qu’ils n’aient pas été poursuivis pour les actes qu’ils ont posé. Mais je crois que madame le procureur a oublié un pan. Il y a également l’action de sensibilisation à l’endroit des forces de l’ordre pour le respect des droits des populations, parmi lesquels les enfants. Car, souvent la réaction des enfants est due à celle des agents de police. Il va falloir également qu’elle entreprenne cette action à l’endroit des forces de l’ordre pour qu’ils ne passent pas leur temps à violenter les enfants lorsqu’ils marchent pacifiquement», a déclaré Alain Mangouadi de la Conasysed

Après cette rencontre avec les parents d’élèves et leurs enfants présumés vandales, le procureur de la République se réserve le droit de recevoir dans les prochains jours, les chefs d’établissements dans lesquels ces lycéens et collégiens sont inscrits pour s’assurer de ce que les enfants fréquentent régulièrement ces établissements. Mais à quand la rencontre avec les forces de l’ordre ?

De l’avis de bien de témoins en effet, les forces de l’ordre, comme en mal d’action, s’adonnent dès qu’elles le peuvent à l’utilisation de leur arsenal, notamment les grenades lacrymogènes et les bombes assourdissantes, ou encore au tabassage des manifestants. Tout se passe, à chaque manifestation à laquelle elles sont conviées, comme si la protestation n’était pas un droit reconnu par la constitution gabonaise. S’il est inutile de revenir sur «l’esprit de la foule» qui peut dénaturer la psychologie d’un manifestant et le pousser au pire, il est normal d’indiquer que la prévention n’existe pas pour les forces de Police nationale. Pour elles, il faut mater, mater et mater ; c’est tout. Si le procureur de la République a fait la comptabilité des dégâts causés aux policiers et aux victimes collatérales des manifestations du 4 décembre, rien n’a été dit sur ce que certains de ces élèves ont subi en termes de dégâts physiques. Les forces de l’ordre gagneraient à apprendre à bien encadrer les manifestations, ainsi qu’on le voit sous d’autres cieux. On a vu des foules échauffées sortir de stades sans que cela ne débouche sur la violence, malgré les provocations des quidams encadrés par la Police. C’était possible ce 4 décembre là et on peut utiliser des lances d’eau pour éparpiller des marches plutôt que les sempiternelles lacrymogènes dont les effets sur la psychologie des marcheurs n’est pas toujours pour les calmer. Avis à Léon Mistoul, le commandant en chef de la Police nationale.

 Commentaires