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En tournée pendant que des dossiers urgents sont sur la table, Ona Ondo est-il à la hauteur des enjeux ?
Publié le mardi 26 aout 2014   |  Gabon Review


Ona
© Autre presse par DR
Ona Ondo, le 22 août dernier à Oyem, dans le cadre de sa tournée dans le Woleu-Ntem


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Le Premier ministre déroute, inquiète et laisse de marbre. Mais pourquoi ne suscite-t-il pas d’engouement ? Parce qu’il n’est pas assez politique ? Parce qu’il est trop politicien ? Ou parce que chacun sait qu’il ne décide en réalité de rien.

Ona Ondo n’arrive toujours pas à s’imposer dans l’opinion. Sept mois après son arrivée à la Primature, l’homme semble effectivement avoir du mal à trouver son tempo et à se frayer une place au cœur du dispositif, au centre de ce que certains appelleraient, au choix, «le système», «le pouvoir», «le régime» ou «l’émergence». Il a beau s’attaquer de front à Jean Ping, recevoir les membres de la Ligue estudiantine des droits de l’Homme, essayer de rassurer la Confédération patronale gabonaise (CPG), il est avant tout perçu comme «le Premier ministre des militants PDG du Woleu-Ntem» voire comme une potiche, un politicien prêt à avaler toutes les couleuvres moyennant quelques prébendes et menus avantages.

Que peut-on alors attendre de lui ? Que peut-on attendre de lui face au désordre créé par l’instauration bâclée d’une Prime d’incitation à la performance qui, sous prétexte de justice sociale, crée un régime de rémunération aléatoire ? Que peut-on attendre de lui face au tango de l’exécutif dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler «l’affaire des recalés du Bac 2014» ? Que peut-on attendre de lui face au report sine die du National-foot ? Que peut-on attendre de lui quand on apprend que le projet de marina du champ-triomphal est en panne ? Que peut-on attendre de lui quand tous les hôpitaux du pays sont à l’arrêt ou presque ? Que peut-on attendre d’un Premier ministre qui, pendant que tout se délite, préfère parcourir sa province ?

Concentrant toute son activité politique sur son bastion du canton Nyé, fondant sa légitimité sur la fumeuse théorie de la «géopolitique», il a toujours donné l’impression d’être un cynique qui ne décrypte la réalité qu’à l’aune de ses propres intérêts et de ceux des siens. Dans tous les départements ministériels où il est passé, il s’est illustré par des promotions à forte connotation cantonale voire familiale. Partout où il est passé, il est apparu moins préoccupé par la mise en œuvre des politiques publiques que par les nominations. Partout, il a d’autant plus dérouté que c’est un homme de grande instruction. Tout cela inquiète aujourd’hui. Déjà, on l’annonce dans la province de l’Estuaire. On prétend même qu’il aurait reçu mission de sillonner le «pays Fang»…

Certes, ses laudateurs diront qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter outre mesure, que rien n’a fondamentalement changé au sein de l’exécutif entre l’ère de son prédécesseur et la sienne, qu’à la prétention technocratique de Raymond Ndong Sima, il préfère le réalisme politique. Mais, il est un fait : on ne saurait éternellement se satisfaire d’un gouvernement potiche, d’un Premier ministre Potemkine qui s’accommode de la situation. C’est connu : la politique c’est aussi un rapport de forces. A force de laisser faire, au nom d’un prétendu réalisme, les différents gouvernements qui se sont succédé ont fini par cautionner leur ravalement au rang de pots de fleurs. La vérité est là, toute crue : plus que ses prédécesseurs, Daniel Ona Ondo est un Premier ministre sans pouvoir. Mais s’il n’a pas de pouvoir, il en a au moins autant que tout citoyen gabonais.

En réalité son grand réalisme ou son cynisme, l’ont conduit à tout rater. Là où l’opinion attendait un politique épris de l’intérêt général, on a eu droit à un calculateur, qui avançait en tenant compte du supposé rapport de forces. Au lieu de se servir du fait qu’il soit nouveau comme un atout, de réaffirmer qu’il n’a été demandeur de rien, il a tout de suite plié. Ce réalisme le conduit aujourd’hui à faire comme si l’enseignant, le professeur d’université, qu’il est avant tout ne se rend pas compte qu’un ministre réputé très proche du président de la République est en train de saborder notre système éducatif, que l’on n’arrive toujours pas à clôturer l’année scolaire. Ce cynisme pousse l’ancien ministre de la Santé qu’il est à minimiser volontairement la fermeture des hôpitaux publics. Sur le Prime d’incitation à la performance, l’affaire des recalés du Bac 2014, le report sine die du National-foot, l’arrêt du projet de marina du champ-triomphal et le grève des hôpitaux, on aimerait voir s’exprimer le talent et la culture de l’économiste, de l’ancien ministre de l’Education nationale, de l’ancien ministre des Sports, de l’ancien ministre des Loisirs et de l’ancien ministre de la Santé qu’il est. Malheureusement, entre mutisme et politique politicienne, toute sa stratégie s’étale. Tout Daniel Onda Ondo est là.

Face à un pouvoir vieux de moins de 5 ans, son expérience aurait pourtant constitué un atout, un plus. Aux dires de certains membres du sérail, le président de la République semble progressivement prendre conscience de la nécessité de déléguer davantage et de délester son supposé tout-puissant directeur de cabinet de certains attributs. Mais pour cela, les ténors de la majorité, principalement le Premier ministre, doivent s’imposer et faire entendre leur musique. S’ils laissent faire, Ali Bongo n’a d’autre choix que de s’appuyer sur le seul qui ose, celui qui en impose. Dans ce cas, ce sera le triomphe du statu-quo. Dans ce cas, la nomination de Daniel Ona Ona Ondo n’aura servi à rien. Et l’on pourra vraiment se demander s’il est à la hauteur des enjeux et de la fonction de Premier ministre.

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