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La catilinaire de Jonas Moulenda aux journalistes «pédés»
Publié le lundi 28 juillet 2014   |  Gabon Review




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Dans le style qui lui est propre, le directeur de rédaction et rédacteur en chef de l’hebdomadaire «Faits Divers» s’est permis quelques lignes, le week-end écoulé, contre certains de ses confrères qui se sont autorisés à le «flétrir dans leurs feuilles de chou indigestes».

Alors qu’il croyait pouvoir bénéficier d’un soutien massif de la part des acteurs de la corporation, eu égard aux menaces dont il serait l’objet de la part des affidés du pouvoir du fait d’une liberté de ton qu’il ne manque pourtant pas d’assumer dans un pays où «la liberté de la presse» s’assimile à un simple concept, c’est plutôt à la délation que semble avoir droit le célèbre reporter, de la part de ceux qu’il surnomme «journaliste pédé».

S’il s’est toujours privé de répondre aux attaques de ses «condescendants» pour des raisons qui lui sont propres, les derniers agissements qu’il se dispense d’énumérer dans sa diatribe, mais qui trouveraient leurs sources dans sa situation actuelle, apparaissent comme l’acte de trop, ayant conduit à cette prose à l’adresse de ces détracteurs.

L’intégralité de la lettre, titrée «lettre aux journalistes pédé»

Messieurs,

Au plus fort de ma persécution par des gouvernants gênés par ma liberté de ton, vous ne trouvez pas mieux que de me flétrir dans vos feuilles de chou indigestes. C’est par sagesse que je ne vous réponds pas souvent. «Le fou tient son cœur sur sa langue, et le sage tient sa langue dans le cœur», disait mon grand-père.

Dans les pays sérieux, dirigés par des gens sérieux, la presse fait partie de ce que l’on appelle l’intelligentsia. Or, à votre allure, vous ne donnez plus l’impression de vouloir compter parmi ceux qui pensent ce pays, orientent ses choix et pèsent sur son destin. Au moment où d’aucuns ont toujours milité en tapinois pour ma crucifixion, vous passez le plus clair de votre temps à tirer à boulets rouges sur moi, vous faisant passer pour des Don Quichottes. Je vous comprends dans une certaine mesure. «Au pays des boiteux, chacun pense qu’il marche droit», disait mon aïeul.

Je sais que je vous gêne parce que je parle souvent de vos réseaux de pédés. Mais c’est consternant de me rendre compte que vous êtes instrumentalisés contre votre propre confrère. Quel intérêt avez-vous à agir de la sorte ? Mais on ne se réjouit pas des malheurs de son collègue ! Mon papy disait : «quand on poursuit la poule, le régime de banane ne doit pas rigoler.» Qu’est-ce qui ne dit pas qu’un jour vous subirez le même avatar ? Ce qui m’offusque dans cette campagne de dénigrement orchestrée contre ma personne, c’est votre cynisme qui vous amène à oublier l’intérêt supérieur de cette nation que je sers avec abnégation.

Réfléchissez avant de demander que je sois guillotiné. Ce n’est pas tout le monde que vous pouvez noyer. Mon grand-père disait: «Jetez le chanceux dans la rivière, il en sortira avec un poisson à la bouche. » Au lieu de passer votre temps à me flétrir dans vos journaux à la soldes de vos ‘’pédés’’ de maris, vous gagneriez à approfondir vos enquêtes sur les problèmes qui tarabustent le peuple gabonais. Mon jugement n’est pas une sentence mais je constate que vous traitez l’information comme une denrée marchande, sélectionnant l’information rentable et éliminant celle qui ne l’est pas.

À cette allure, vous ne serez jamais utiles à ce pays, qui a besoin d’une presse au service de son développement et non celle mue par des appétits pécuniaires boulimiques. Je constate avec amertume que nous sommes différents à bien d’égards. Finalement, je donne raison à mon papy, qui disait : «Tous les arbres de la forêt ne font pas du bois de chauffage.» A travers ce constat navrant, je comprends aisément votre penchant à livrer à la vindicte populaire un membre de votre corporation.

De fait, vous êtes une presse non seulement pour gagner de l’argent mais aussi une presse sélectionnant l’information selon l’utilité qu’elle comporte à l’égard du pouvoir d’argent, c’est-à-dire le système capitaliste. Mais vous n’êtes qu’une bande de petits lapins à la recherche de la carotte ! C’est à cause de deux millions qu’on vous donne mensuellement que vous m’insultez dans vos chiffons, au mépris même de la Charte des journalistes qui interdit des attaques entre confrères ? À vous lire, l’on a l’impression que vous êtes d’une exemplarité incontestée. Pourtant, tel n’est pas le cas. «Si le babouin se mettait à regarder son derrière, lui aussi rirait, » aimait à dire mon grand-père.

Manifestement, il vous sera difficile de vous hisser à mon niveau. « Même si l’étoile brille beaucoup, elle ne peut pas valoir la lune, » disait mon grand-père. Je continuerai à faire mon travail, soutenu par une société civile qui tente de s’ériger en avant-garde d’une opinion embryonnaire, pour pousser les autorités vers plus de soucis de transparence dans la gestion des affaires publiques. L’investigation journalistique qui suscite souvent des réactions irrationnelles et disproportionnées de certains gouvernants, est un moyen de sensibilisation, à la fois des autorités pour aider celles-ci à la prise des décisions et du public pour éveiller l’opinion.

Le succès rencontré par mon journal auprès de l’opinion témoigne de la qualité du travail que j’abats. Même si je ne suis pas «pédé» comme vous, ayez l’honnêteté intellectuelle de reconnaître mon professionnalisme.

Je suis fier de jouer le rôle d’aiguillon de la société et de contribuer au développement de votre pays. Votre médisance et vos critiques malveillantes ne m’empêcheront pas de faire le travail que le peuple attend de moi. «Les cris des crapauds n’empêchent pas l’éléphant de boire de l’eau», aimait d’ailleurs à dire mon grand-père, qui vous aurait prêté sa sagesse s’il vivait encore.

Excellent week-end entre pédés mais gare aux hémorroïdes !

Jonas Moulenda

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