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Au Gabon, la France n’a plus la haute main sur le manganèse
Publié le jeudi 24 juillet 2014   |  MondAfrique


Gabon
© Autre presse par DR
Gabon : joint-venture pour l’exploitation du manganèse


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ongtemps, la Comilog, filiale du groupe français Eramet, a été la seule compagnie d’extraction de manganèse au Gabon, deuxième producteur mondial de ce minerai. Les entreprises australiennes et chinoises font désormais leur entrée sur ce marché attractif. La donne a changé : l’État entend mieux profiter de cette richesse et les travailleurs souhaitent faire entendre leurs voix.

Un ciel bas et lourd pèse sur Moanda en cette année 2012. Alors que la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), filiale du groupe français Eramet, fête le 50e anniversaire de son activité, le manganèse connaît un passage à vide sur les marchés internationaux. Le cours du minerai est en net recul et, pour couronner le tout, le port minéralier d’Owendo, site d’embarquement proche de Libreville, a subi un grave incident technique. Outre le coût de la réparation (40 millions d’euros), l’extraction est interrompue durant plus d’un mois. Résultat, la production n’atteint que 3 millions de tonnes, soit un recul de 400000 tonnes par rapport à 2011. À l’annonce des résultats 2012, les responsables n’ont guère l’humeur au champagne. « Les résultats du 1er semestre 2012 s’élèvent à 59,03 milliards de francs CFA, contre 152,16 milliards au cours de la même période en 2011 », indique le communiqué.

Le Gabon, deuxième producteur mondial

Avec 3,7 millions de tonnes produites en 2011, et sans doute 4 millions dès cette année, le Gabon est le 2e producteur mondial de manganèse. Ses réserves sont estimées à 200 000 millions de tonnes. Un minerai à haute teneur (près de 50 %) et qui participe pour l’essentiel aux 4 % du PIB générés par le secteur minier. Depuis 1962, la Comilog a la main haute sur l’activité. Aucun concurrent ou presque, elle est la deuxième entreprise gabonaise et l’un des principaux employeurs privés, avec 1 492 salariés.

Mais le tableau n’est pas sans ombre. L’activité de la société est régulièrement dénoncée pour son impact environnemental et ses répercussions sanitaires. Des collectifs d’habitants, plusieurs ONG et un député local, Jean-Valentin Leyama, ont plusieurs fois fustigé « le contraste […] inadmissible entre la prospérité tirée par l’entreprise d’exploitation et la condition des travailleurs de Comilog, l’état sinistré de la ville et les conditions de vie des populations ». Personne n’est donc étonné de voir la Comilog évoquer ses nouvelles responsabilités sociales et son souci environnemental… d’autant plus que le chef de l’État, Ali Bongo Ondimba, a plusieurs fois insisté sur « la nécessaire prise en compte de la responsabilité sociale ».

En 2013, la Comilog semble retrouver le sourire. Sur les neuf premiers mois, le groupe minier enregistre 4 % de hausse de son chiffre d’affaires. Son directeur administratif, Jean Favre, prévoit 4 millions de tonnes d’ici à 2014. On évoque aussi volontiers la construction du complexe sidérurgique de Moanda. La première usine devrait produire 20 000 tonnes de manganèse métal par an, destinées à la sidérurgie et à l’industrie de l’aluminium. La seconde 65 000 tonnes de silico-manganèse, principalement pour la sidérurgie. Enfin, la direction affirme « une volonté manifeste d’améliorer les conditions de vie et de travail de nos salariés ». Primes diverses, accession à la propriété, prise en charge des ayants droit et des employés dans la lutte contre le VIH. Le ton a bien changé !

Fini le bradage !

D’autant que le gâteau n’est plus la seule propriété d’Eramet. En 2010 déjà, la Compagnie industrielle et commerciale des mines de Huazhou (Chine) signait une convention d’exploitation et de commercialisation du manganèse de M’Bembelé. Les réserves sont estimées à plus de 26 millions de tonnes, et l’exploitation à plein rendement devrait durer vingt-cinq ans, à raison de 1,04 million de tonnes annuelles. La société chinoise table sur un chiffre d’affaires de 48 milliards de francs CFA et des bénéfices annuels compris entre 6 et 8 milliards.

Autre arrivant dans le secteur, et non le moindre : l’anglo-australien BHP Billiton, l’une des plus importantes multinationales minières, qui mène depuis 2006 des explorations poussées dans la région de Franceville (Haut-Ogooué). Ce dernier gisement est estimé à quelque 60 millions de tonnes. De quoi justifier amplement les 24 millions d’euros nécessaires à ces recherches. Ces deux projets vont ramener à l’État des sommes non négligeables. Pour le site de M’Bembelé, on estime l’impôt annuel sur les sociétés à 2 milliards de francs CFA, une redevance minière proportionnelle (RMP) de 385 millions et des droits de sortie de 293 millions. Les deux exploitations aussi doivent générer des centaines d’emplois. Le ministre des Mines, Julien Nkoghé Bekalé, avait d’ailleurs été très attentif à ce volet. Soixante-quinze pour cent des postes seront tenus par des Gabonais. Avocat spécialisé dans les questions minières, Thierry Lauriol le soulignait en 2012 : « Les autorités font preuve de pragmatisme. Il s’agit de démarrer l’exploitation rapidement, mais pas n’importe comment. Par son nouveau code minier, le pays veut lever les pesanteurs administratives tout en s’assurant du respect de l’environnement et d’une prise de participation importante au capital des sociétés. » Aujourd’hui, l’État gabonais pèse 35 % dans le capital de la Comilog. Le manganèse ne sera plus bradé !

Le Manganèse ailleurs en Afrique

Même si le Gabon représente à lui seul un quart des réserves mondiales, d’autres pays montrent de l’ambition. Le Burkina Faso notamment a signé un nouveau partenariat avec l’américain Pan African Minerals pour l’exploitation du gisement de Tambao. Une convention dont l’État attend beaucoup. Outre les rentrées liées au minerai, la construction d’une ligne ferroviaire entre Ouagadougou et Kaya, mais aussi d’un tronçon jusque Tambao et le bitumage de la route Dori-Tambao. Autre projet très attendu, en Afrique du Sud cette fois, celui de Kalagadi Manganèse. La mine est déjà en activité, mais elle va optimaliser sa production pour la porter à 2,3 millions de tonnes. Une usine d’agglomérés et une fonderie doivent aussi être construites. Cette fois, c’est la Banque africaine de développement (Bad) qui soutient le projet à hauteur de 202 millions de dollars. Dans le nord du Togo, Ferrex a mis les bouchées doubles sur le gisement de Nageya. Les réserves sont estimées à 11 millions de tonnes. La production de minerai concentré devrait atteindre 250 000 tonnes annuelles, pour un investissement initial de 15 millions de dollars. Enfin, on rappellera le projet Otjo, en Namibie. Ce sont les Australiens de Shaw River Manganèse qui détiennent à 100 % ce gisement de 17 millions de tonnes. L’acquisition des derniers 10 % leur a coûté 950 000 dollars australiens. Mais la qualité du minerai (23,3 %) et sa facilité d’extraction en valaient bien la chandelle. L’entreprise n’est pas novice dans le secteur puisqu’elle intervient aussi au Ghana et en Australie.

Roger Calmé

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