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10 raisons de lever le couvre-feu au Gabon
Publié le mercredi 20 mars 2024  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Vue aérienne de la ville de Libreville
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Au cœur de la nuit gabonaise, une ombre pesante plane sur les rues désertes et les esprits inquiets. Depuis le coup d’État du 30 août, un couvre-feu, imposé comme mesure de sécurité, étouffe le pays dans une étreinte de fer, paralysant l’économie, bafouant les libertés et alimentant la frustration quasi collective. Derrière les portes closes et les rideaux tirés, le peuple grommèle et un élan de résistance s’organise, notamment dans le secteur économique du tourisme-restauration-hôtellerie-loisirs. GabonReview a recensé dix raisons impérieuses pour lesquelles il est temps de lever le couvre-feu au Gabon. Un appel à la liberté, à la prospérité et au respect des droits humains, devant résonner avec la force d’un peuple prêt à embrasser son avenir.

Dix raisons de lever le couvre-feu et confirmer “le coup de libération”

Ramener la confiance de la population
Le maintien prolongé du couvre-feu, au-delà de la période moyenne de 45 jours observée un peu partout en Afrique après un coup d’État, ébranle la confiance des Gabonais envers le “coup de liberté” ayant suscité liesse et espoirs divers. Nombreux sont ceux qui perçoivent désormais l’expression “coup de liberté” comme un simple slogan et remettent en question les réelles intentions du gouvernement de transition.

Permettre la reprise économique
L’économie gabonaise, déjà affaiblie par la pandémie de Covid-19, souffre gravement des restrictions imposées par le couvre-feu. Le secteur du tourisme et des loisirs, représentant 4% du PIB et plus de 250 milliards de francs CFA, est quasiment à l’arrêt avec plus de 40.000 emplois et 2000 entreprises formelles en péril. L’économie de nuit agonise, menaçant ces établissements qui payent loyers, impôts, patentes, CNSS, TVA, etc. dans les mêmes taux et montants qu’avant cette période restrictive.

Préserver le tissu social
Au-delà de l’impact économique, le couvre-feu engendre de graves conséquences sociales. Il faut en effet prendre en compte, pour le seul Grand Libreville, 9.000 petits bars et bistrots. Ces structures de débrouille, certes à la lisière de l’informel, ne constituent pourtant pas moins un soulagement non négligeable du chômage à travers l’emploi de barmaids (appelées gérantes), serveurs, manutentionnaires, etc. Ces milliers de travailleurs du secteur informel, actifs la nuit, voient leurs revenus s’effondrer. Les débrouillardes vendeuses de grillades, bouillons, œufs durs et autres amuse-gueules sont à la peine, ne parvenant plus à s’acquitter de leurs modestes charges (loyers, scolarisation des enfants, etc.), aggravant ainsi leur indigence.

Des drames humains comme le chômage prolongé des travailleurs de nuit (portiers, disc-jockeys, serveuses, barmen), le surendettement des opérateurs économiques de nuit et les déchirements familiaux sont de plus en plus dénoncés

L’absence de transports en commun, aux heures du couvre-feu, cause bien de problèmes pour le transport d’urgence, vers les structures sanitaires, de personnes tombées malades ou ayant eu un accident domestique durant la nuit. De nombreux drames sont enregistrés de ce fait dans les quartiers populaires et sous-intégrés. De même, la délinquance augmente paradoxalement dans ces quartiers où les rues, désertées durant la nuit par les plausibles témoins et personnes pouvant porter secours, deviennent un boulevard de joie pour les malfrats.

Faciliter les activités essentielles
Les activités aéroportuaires, portuaires et certaines administrations comme les douanes sont entravées, ne pouvant fonctionner normalement durant la nuit. Le couvre-feu nuit également aux travaux publics d’urgence et à l’approvisionnement en ralentissant les transports de marchandises et matériaux.

Rétablir les libertés individuelles
Avec des frontières rouvertes depuis septembre 2023 et un chef de la transition délesté des charges liées à la Défense et la Sécurité, supposant ainsi un retour à la sérénité et l’extinction de la psychose d’un contre-coup d’État, le maintien du couvre-feu restreint inutilement les libertés individuelles et collectives chèrement acquises et réaffirmées par le “coup de liberté” du 30 août 2023. La population aspire à davantage d’espace pour se divertir et se détendre à sa guise après le travail.

Afficher une image rassurante
Les plus hautes autorités sillonnent le pays sans entrave ni dispositif de sécurité imposant. Elles sont, partout, accueillies chaleureusement par la population. Ce qui prouve que le calme règne et qu’un contre-coup d’État, justification initiale non-officielle du couvre-feu, est peu probable. Le maintien du couvre-feu fait penser que les nouvelles autorités du pays ne mènent pas encore la barque ou ne tiennent pas le gouvernail. Lever le couvre-feu afficherait une image de sérénité et de maîtrise de la situation.

Tourner définitivement la page
Après 50 ans du régime déchu, le peuple gabonais réclame de pouvoir enfin « respirer » et voir ses aspirations à la liberté et à la prospérité se concrétiser. Le couvre-feu est perçu comme un dernier carcan de l’ancien système dont il faut se défaire. Le régime déchu l’utilisant systématiquement après chaque élection truquée.

Remobiliser les opérateurs économiques
De nombreux appels proviennent du secteur privé, dont une coalition des établissements de nuit, restaurants et hôtels, pour un allègement rapide du couvre-feu assorti de mesures d’accompagnement fiscales et sociales. Leur mobilisation et résilience sont essentielles pour la relance d’un secteur qui n’est nullement accessoire, ainsi que le prétendent certains décideurs. Dans les économies nationales organisées, la relance de l’économie passe souvent par une relance de la consommation. Or, ainsi qu’en témoignent les opérateurs économiques du secteur de la distribution, le couvre-feu a négativement impacté la consommation. Les douanes gabonaises pourraient en témoigner au regard de la baise des importations, notamment de certains produits de consommation de la catégorie luxe, chèrement taxés à leur entrée au Gabon.

Redonner l’espoir aux Gabonais
Après des années d’importantes restrictions liées au Covid-19, le couvre-feu prolongé a un impact psychologique marqué, alimentant le stress, l’insomnie et le découragement aussi bien de nombreux chefs d’entreprise que du petit peuple. La levée de cette « camisole de force » insufflerait un vent d’optimisme et de liberté retrouvée.

Asseoir la légitimité du nouveau régime
Enfin, la levée du couvre-feu, symbole fort de la rupture avec les pratiques antérieures, consoliderait la légitimité et la crédibilité du gouvernement de transition auprès des Gabonais et des observateurs étrangers. Un geste porteur d’espoir pour l’avenir.
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