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Le PDG dans l’Impasse : leadership, mensonge et aveux fracassants
Publié le lundi 11 mars 2024  |  Gabon Review
Paul
© Autre presse par DR
Paul Biyoghe Mba, doyen politique de la province de l’Estuaire
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En destituant Ali Bongo pour inaptitude après l’avoir soutenu mordicus, le PDG avoue son mensonge d’État et fait l’aveu d’une haute trahison envers le peuple gabonais. Alors que les appels à la justice se multiplient, le parti désormais aux abois doit se réinventer pour rester crédible. Un défi de taille pour Paul Biyoghe Mba rappelé à la rescousse. Le PDG parviendra-t-il à rebondir ou court-il à sa perte ? Les prochains mois s’annoncent décisifs pour l’ancien parti au pouvoir.

En le destituant du pouvoir à la magistrature suprême, à la suite de ce qui est appelé «coup de liberté», le 30 août 2023, les nouveaux hommes forts du Gabon ont fait valoir, entre autres raisons, l’incapacité d’Ali Bongo Ondimba à diriger le pays, miné qu’il est par la maladie à la suite d’un foudroyant AVC l’ayant laissé littéralement impotent depuis 2018.

Les mêmes raisons ont donc servi aux hiérarques de son propre parti (bureau politique et ‘’sages’’) pour le descendre de ses charges de Distingué camarade président (DCP) et se lancer dans un futur proche à la recherche d’un chef capable d’imprimer le leadership souhaité et partir à la reconquête des espaces et de la puissance perdus.

Retour à la lucidité

Venant des barons du Parti démocratique gabonais, cette lecture plutôt lucide étonne en même temps qu’elle détonne, quand on se remémore le zèle et l’énergie que les uns et les autres ont déployés lors de la dernière présidentielle – pré-campagne et campagne électorale – pour faire la démonstration envers et contre tout, qu’Ali Bongo Ondimba était en pleine possession de ses capacités physiques et intellectuelles, «l’arme du présent et du futur», le seul capable de conduire avec panache les destinées du Gabon.

En dépit des sonnettes d’alarme émises de part et d’autre (à l’intérieur du pays, mais aussi de l’extérieur par des amis du Gabon), des signes de grande faiblesse physique et de sévère fatigue intellectuelle, régulièrement affichés par le président déchu, les caciques du PDG firent souvent la sourde oreille, se mettant également des œillères pour se refuser à l’évidence de tourner la page d’un Ali Bongo Ondimba qui de toute façon, traînait un bilan chaotique à la tête du pays, après 14 ans de gouvernance erratique.

Haute trahison

Plus grave, les responsables de l’ex-parti au pouvoir ont publiquement admis l’inaptitude du président Ali Bongo à diriger, soulignant un mensonge maintenu pendant longtemps auprès du peuple gabonais. Cette confession remet en question la légitimité du gouvernement actuel et soulève des appels à la justice pour haute trahison contre les hommes politiques impliqués dans la dissimulation de l’état réel de santé du président.

Et dire que dans cette politique de l’autruche, avec les barons du PDG, défenseurs de la conception «Ali candidat ou rien», des médecins assermentés s’y étaient également donnés à cœur joie.

De fait, c’est à ce moment précis que ces ‘’sages’’ du PDG, s’il s’en trouve, auraient dû avec courage, admettre qu’Ali Bongo Ondimba n’était plus l’homme de la situation. Cette attitude, aurait certainement eu l’avantage de permettre au PDG de se redonner un second souffle de vie, un brin de fraîcheur et de superbe. L’ancien parti au pouvoir se serait alors choisi un autre porte-étendard lors de la dernière élection présidentielle.

Tout le charme de cette démarche reposerait sur la nouveauté, en présentant aux gabonais un candidat autre qu’un Bongo, dont le patronyme était manifestement arrivé à saturation, après un cumul de 56 ans de règne sans partage, père et fils.

Aujourd’hui, alors que le mal est fait et que le PDG est au banc des accusés, le soudain retour à la lucidité de ses éminences grises est tourné en dérision dans l’opinion qui ne manque pas de le qualifier comme le geste du médecin après la mort.

Piqûre de rappel

Avec un peu de recul et de bon sens, on se souvient, au début du deuxième septennat d’Ali Bongo, de cette montée au créneau d’Alexandre Barro Chambrier et ses camarades du courant Héritage et modernité, qui avaient fort opportunément alerté sur les dérives d’un chef et d’un régime qui risquaient de conduire le parti et le pays dans le précipice, si des actions vigoureuses n’étaient pas menées à l’intérieur même du Parti démocratique gabonais.

On avait vite fait d’opposer à Chambrier et à sa bande «d’aigris» – l’épithète était passée de mode – un autre courant, le Mouvement gabonais pour Ali Bongo Ondimba (Mogabo), sorti de nulle part avec des arguments d’un Gabon résolument sur la voie de l’émergence, du PDG régénérant et d’un DCP au gouvernail. Circulez, il n’y a rien à voir !

Mais aussi paradoxal que cela puisse paraitre, il est fort curieux de reconnaitre parmi les têtes bien pensantes de la dernière messe basse du PDG, ayant prononcé la déchéance d’Ali Bongo, les tenants de ce fumeux Mogabo.

Ironie de l’histoire et mission impossible ?

Pour sauver Ali Bongo Ondimba et le Parti démocratique gabonais du naufrage, Paul Biyoghe Mba a donc été rappelé à la rescousse.

Pourtant, on se souviendra de la façon «humiliante» et c’est peu dire, avec laquelle ce baroudeur et vieux briscard, inspirateur du plus grand turn-over dans l’administration gabonaise au bénéfice de ses proches notamment, avait été éjecté de la Primature par le Distingué camarade président.

La «Tortue» de Bikele – comme il aime à se faire appeler – a donc la mission de redonner vie et des couleurs à une formation politique en dérive, coupée de ses différentes sources de financement, en raison des liens incestueux qu’il entretenait avec l’État, au point d’avoir toujours confondu sa trésorerie au coffre-fort public.

L’opinion est donc intéressée de voir la thérapie que lui et ses camarades des instances provisoires appliqueront pour remobiliser les troupes, au moment où de plus en plus d’anciens «camarades» quittent le navire, chaque jour et par vagues successives ; en même temps que de nombreux anciens partis alliés reprennent leur autonomie de fonctionnement, dénonçant au passage des accords et fusions-absorptions qu’on savait être des marchés de dupes.

Il restera pour Biyoghe Mba et le PDG, l’épineux chantier de la reconquête des cœurs des gabonais, blasés par 56 ans de pouvoir fait de gabegie, de népotisme et d’amateurisme déconcertant. Il faudra aussi se choisir, à court et moyen termes, un président, un chef charismatique, doté de tous les atours -notamment le «nerf de la guerre» -, capable de rassembler et de mettre les «troupes» en ordre de bataille.

Avec ce portrait-robot, on verra bien de quelle couleur sera la fumée qui sortira de la «Chapelle Sixtine» lors de la grand-messe du prochain congrès du PDG. Peut-être, l’ancien parti au pouvoir ira-t-il à la recherche de l’oiseau rare parmi les actuels tenants du pouvoir ? Rien n’est moins sûr. Mais ce ne sera sans doute pas le président de la transition qui aurait déjà fait savoir qu’il n’est pas membre du Parti démocratique gabonais, militaire et tout général qu’il est.

L’avenir tranchera !

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