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Mise en cause des civils et des partis politiques : Une hypothèque sur la Transition
Publié le vendredi 19 janvier 2024  |  Gabon Review
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© Présidence par DR
Fête Nationale an 63 : le Chef de l’Etat assiste à la grande parade militaire
Libreville, 17 août 2023. A l`occassion du 63e anniversaire , le Président de la République, Chef de l’Etat, Chef Suprême des Forces de Defense et de sécurité a pris part à la traditionnelle parade militaire placée sous le thème " La protection des ressources naturelles : un défi permanent pour les forces de sécurité ".
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Le 30 août, les militaires ne s’en étaient pas pris aux civils, mais au «régime en place». L’armée ne s’était pas élevée contre les partis politiques, mais contre «une gouvernance irresponsable, imprévisible…»

La réaction fut à la mesure du péril annoncé : au moment où le Centre gabonais des élections (CGE) donnait Ali Bongo vainqueur pour la troisième fois, où les uns s’attendaient à une nouvelle répression féroce, les forces de défense et de sécurité prirent leurs responsabilités, mettant fin à plus d’un demi-siècle de règne sans partage, avant d’annoncer la création du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Jusque-là tenue pour complice d’un régime corrompu, intolérant et irresponsable, l’armée regagnait l’estime des populations, se couvrant d’une auréole d’héroïne. Un peu plus de cinq mois plus tard, cet épisode est désormais interprété avec des arrière-pensées politiciennes. Comme si la Grande muette avait vocation à faire de la politique ou à s’éterniser au pouvoir. Comme si elle était en compétition avec les partis traditionnels, désormais présentés comme inutiles. Comme si militaires et civils disposaient des mêmes moyens d’action.

Rupture du «lien armée-nation»

Dans la nuit du 30 août 2023, le CTRI avait affirmé avoir agi pour empêcher la validation d’élections organisées dans des conditions indignes du «scrutin transparent, crédible et inclusif tant espéré par les Gabonais». Dénonçant des «résultats tronqués», il annonçait leur annulation. Sans autre forme de procès. Au fil du temps, ce discours a évolué, les civils étant désormais mis dans le même sac, accusés de tous les tords, y compris de couardise et d’incompétence. «Un régime militaire pragmatique réussit mieux que les régimes civils corrompus à outrance», pouvait-on récemment lire sous la plume de l’ancien journaliste Jean-Maurice Mboumba Ibinda. «Où est la décision de justice qui a condamné tous les civils pour des faits de corruption ou de fraude électorale ?», rétorquait Etienne Francky Meba Ondo, vice-président de Réagir. A lire certains commentateurs, l’état du pays n’est pas la conséquence des choix opérés par la dynastie Bongo et le Parti démocratique gabonais (PDG). Il serait la résultante des agissements de tous les partis politiques voire de tous les citoyens, excepté les militaires.

À force d’opposer l’armée aux partis politiques, les militaires aux civils, certains font peser une lourde hypothèque sur la Transition. Sans s’en rendre compte, ils ravivent des souvenirs douloureux. Sans le savoir, ils relancent la polémique sur l’identité des exécutants des répressions consécutives aux présidentielles de 93, 2005, 2009 et 2016. Sans en avoir conscience, ils travaillent à saper la cohésion au sein des organes de la Transition, le gouvernement, les deux chambres du Parlement et même certaines administrations étant composés de militaires et de civils issus de la société civile et des partis politiques. Au-delà, ils œuvrent à la rupture de ce «lien armée-nation» récemment magnifié par le porte-parole du CTRI. Dans quel but ? Se faire mousser ? Peut-être. Dans l’intérêt de qui ? Du CTRI et de l’armée ? Pas sûr. Le leur ? On n’en sait rien.

Comportements divisionnistes

Pour en finir avec ces dérives langagières, ces querelles byzantines, il n’y a pas mille solutions. Il faut revenir à l’esprit du 30 août. Ce jour-là, les militaires ne s’en étaient pas pris aux civils, mais au «régime en place». L’armée ne s’était pas élevée contre les partis politiques, mais contre «une gouvernance irresponsable, imprévisible, qui se (traduisait) par une dégradation continue de la cohésion sociale, risquant de conduire le pays au chaos». La transition étant définie comme «un processus politique censé permettre le passage progressif d’un régime dictatorial ou autoritaire à une démocratie», il paraît inopportun d’accabler l’ensemble des partis politiques ou de chercher à disqualifier les civils. Ni les uns ni les autres ne sont responsables de l’état du pays. Bien au contraire. Beaucoup parmi eux ont été victimes des outrances du régime déchu. D’autres ont subi les pires avanies pour avoir rêvé d’un autre Gabon ou pour avoir osé faire entendre des idées jugées peu orthodoxes.

Au sortir de 14 ans d’une gouvernance caractérisée par un sectarisme à nul autre pareil, notre pays ne doit pas retomber dans des querelles de clochers et autres comportements divisionnistes. Comme on l’observe depuis quelques temps, la Transition doit être une opportunité pour réconcilier l’armée avec la population et les autres forces sociales. N’en déplaise aux sectateurs autoproclamés du CTRI, cette ambition ne relève ni de l’opportunisme politique ni du déni de réalité, l’ouverture étant universellement reconnue comme un des piliers de la bonne gouvernance et, partant, de la réussite des processus politiques.
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