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Polémique sur la bourse des collégiens et lycéens : S’en tirer avantageusement
Publié le mercredi 10 janvier 2024  |  Gabon Review
Port-Gentil,
© Autre presse par DR
Port-Gentil, Lambaréné et Oyem: Les élèves sont sortis des établissements scolaires pour revendiqué, la reprise des cours, le paiement de la bourse scolaire et aussi des meilleures conditions d’apprentissage
Photo: Une vue des élèves de Lambaréné dans la rue.
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Derrière les envolées sur le sort des élèves ou le système éducatif, l’enjeu est politique. Au-delà de la question de la bourse, il en va de la confiance entre gouvernants et gouvernés.

Pour le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), ce n’est pas encore l’heure de vérité. Mais, c’est peut-être l’épreuve du feu. Pour lui, le mouvement d’humeur observé par des collégiens et lycéens à travers le pays a des allures de test de solidité et de résilience. S’il cet accès de colère peut être perçu comme un défi, il résonne avant tout comme une invitation à l’introspection. En décidant du rétablissement de la bourse dans le secondaire, le CTRI s’inscrivait-il dans une vision d’ensemble ou avait-il des arrière-pensées électoralistes ? Entendait-il cette mesure comme un mécanisme de redistribution de la richesse nationale ou comme une incitation à l’excellence ? Était-il au clair sur les modalités de sa mise en œuvre ? En avait-il préalablement évalué le coût ? Avait-il une idée de la source de financement ? Sur toutes ces questions, nul n’aurait l’outrecuidance de se montrer définitif.

La crédibilité de la parole du président de la Transition en jeu

Pour l’heure, c’est la bouteille à l’encre, chacun y allant de ses certitudes. S’il s’est dit ouvert à la discussion, le Conseil national des parents d’élèves du Gabon (CNPEG) s’est fait fort de dénoncer «des risques de perturbation d’ordre psychologique auprès de nos jeunes élèves». Sans autre forme de procès, les apprenants ont battu le bitume, scandant : «On veut la bourse !» Sur ces entrefaites, le gouvernement a paru dépassé, condamné à faire profil bas. «Malgré la crise, le président de la République décide de rétablir les bourses. Il faut bien que chacun fasse un effort», a lâché, laconique, son porte-parole. Le minimum syndical. Pendant ce temps, la polémique continue d’enfler. Sur les réseaux sociaux, l’attitude du CTRI est retournée dans tous les sens. Certains le soupçonnent d’avoir cédé aux sirènes du «populisme». D’autres le somment de respecter les droits supposément acquis en reconsidérant les critères énoncés par ses soins.

Comment sortir de cette mauvaise passe ? Accorder la bourse à tous les élèves ayant obtenu une moyenne supérieure ou égale à 10/20 ? Camper sur la position actuelle et se lancer dans une guerre d’usure, au risque d’empoisonner le climat social ? Décaler la date d’entrée en vigueur en promettant soit une refonte totale du système d’attribution des bourses soit une réforme en profondeur de l’enseignement secondaire ? Peu importe l’option retenue, la crédibilité de la parole du président de la Transition est quelque part en jeu. Derrière les envolées sur le sort des élèves ou le système éducatif, l’enjeu est politique. Au-delà de la question de la bourse, il en va de la confiance entre gouvernants et gouvernés. Le CTRI entend-il le message sous-jacent ? Compte-t-il y répondre par lui-même ou entend-il déléguer le traitement de cette affaire au gouvernement ? De quels outils dispose-t-il ? Une nouvelle commission ad hoc multipartite ? Un collectif budgétaire ? Voire…

Le vrai danger

«Gouverner, c’est prévoir», aimait à dire Émile Girardin. En l’occurrence, c’est prendre la mesure des risques inhérents à la polémique en cours. En rétablissant la bourse pour les collégiens et lycéens, le gouvernement était manifestement inscrit dans une logique de redistribution. En subordonnant son obtention aux résultats scolaires, il entendait établir une culture du mérite et de l’excellence. Mais, en élevant la barre à 12/20, il a laissé le sentiment de faire dans l’élitisme, déclenchant la colère des élèves et d’une partie de l’opinion. S’il demeure droit dans ses bottes, il donnera l’impression d’être fermé à toute critique, de faire la sourde oreille voire de sombrer dans l’autoritarisme. S’il revient sur sa décision, il pourrait être accusé d’avoir agi dans l’impréparation. Dans l’une ou l’autre hypothèse, il court le risque d’y laisser un peu de son prestige, un peu de son crédit, un peu de sa respectabilité.

Pour le CTRI, pour le gouvernement, comme pour tous les organes de la Transition, le vrai danger ne vient pas des élèves. Encore moins des réseaux sociaux ou d’une opinion boudeuse. Il vient d’un apparent déficit de concertation et d’une répartition des responsabilités pas très élaborée. Pour ces deux raisons, le décryptage et la compréhension de l’action publique ne sont pas toujours aisés, certaines initiatives étant ou annoncées à contre-temps ou portées par des personnalités pas forcément indiquées. S’il s’impose un examen de conscience, le CTRI peut tirer toutes les leçons de la crise actuelle. A cette condition et à elle seule, il pourra s’en tirer avantageusement.
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