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Transition et culte de la personnalité : Faire échec aux courtisans
Publié le mercredi 6 decembre 2023  |  Gabon Review
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Le Président de la Transition, Président de la République, Chef de l’Etat, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema prend part à la Cop 28
Dubaï. Vendredi 01 Décembre 2023. 28ème Conférence des Parties sur le Climat de l’ONU (COP28)
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Face à la multiplication d’initiatives et déclarations tendant à flatter l’égo du président de la Transition ou de son épouse, il faut tirer la sonnette d’alarme. En cette période d’exception, il faut respecter les règles de la République et combattre les pratiques moyenâgeuses.

Face à la multiplication d’initiatives et déclarations tendant à flatter l’égo du président de la Transition ou de son épouse, il faut tirer la sonnette d’alarme. Déjà, nombre d’observateurs disent leur inquiétude. Sur les réseaux sociaux comme dans la presse classique, en privé comme en public, ils dénoncent «le culte de la personnalité», «les profito-situationnistes», «les attalakous», les «okoukoutistes» ou encore «le néo-kounabélisme». Empruntées au vocabulaire classique et à un jargon politique local, ces expressions ne sont pas anodines. Elles visent à frapper les esprits, à éveiller la mémoire collective, à souligner la portée des actes pour offrir à leurs auteurs des éléments de comparaison. En usant de notions historiquement chargées et idéologiquement connotées, les lanceurs d’alerte envoient un message simple et clair : il ne faut pas réveiller les fantômes du passé, au risque de compromettre le processus de restauration des institutions voire d’entraver notre «essor vers la félicité».

Risques de récidive

Même en cette période d’exception, les règles de la République et fondamentaux de l’Etat de droit doivent être respectées. Nonobstant la volonté d’inclusion, les pratiques moyenâgeuses doivent être combattues. Il en va de même pour les abus de langage et autres transgressions juridiques. Présenté au début comme «Chef de l’Etat», le président de la Transition est maintenant annoncé comme «président de la République, Chef de l’Etat». Son épouse comme «Première dame de la Transition». Dans cette confusion entretenue, le président de l’Assemblée nationale a franchi la ligne jaune, décrivant le chef du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) comme «notre messie». Rien de moins. Ce recours au lexique religieux, cette allusion à la figure christique, a semé trouble et émoi dans une partie de l’opinion, ravivant de douloureux souvenirs.

Député à l’Assemblée nationale, par ailleurs secrétaire exécutif de Réappropriation du Gabon, de son indépendance pour sa reconstruction (Réagir), Jean-Valentin Léyama s’est empressé d’indexer cette «déification», ce «culte excessif de la personnalité», invitant les acteurs de la vie publique à «savoir raison garder». Comme pour mieux se démarquer et montrer combien la chute d’Ali Bongo fut une œuvre collective, il a mis en exergue le rôle de la plate-forme Alternance 2023 dans l’effritement du régime déchu. Comme pour mettre en garde contre les risques de récidive et autres conséquences de cette «euphorie laudatrice», il a rappelé les objectifs de la Transition. «Nous avons créé les conditions, en tant que forces de l’opposition, de l’irruption de l’armée dans ce processus», a-t-il affirmé, avant de trancher : «Il faut que cette transition se fasse correctement et que l’on ne (revive pas) les mêmes phénomènes que nous avons vécus dans le passé».

La posture de Patrice Talon

Sur les fora de discussion, d’autres observateurs ont paru encore plus remontés, accusant les «kounabélistes» et «okoukoutistes» de chercher à «plaire» en remplaçant «le culte de la personnalité autour d’Ali Bongo par celui autour du président de la Transition». «Nous invitons (…) les autorités de la Transition à mettre un stop à ce néo-kounabélisme. A moins que cela ne soit par elles-mêmes encouragé», a écrit Meboon Môôn Meba Ondo, un internaute bien connu, faisant ainsi écho à une vidéo devenue virale où l’on voit Patrice Talon discourir sur sa détermination à interdire «toute manifestation destinée au culte de la personnalité (ou) à encenser le président de la République, à chanter ses louanges (…) à en faire un dieu». «Vous pouvez contester ce que fait un président. Est-ce qu’il est utile de marcher pour le soutenir ?», peut-on entendre de la bouche du chef de l’Etat béninois.

Cette posture peut paraître démagogique. Dans une certaine mesure, elle peut même être vue comme attentatoire à la liberté d’expression et à la liberté de manifester. Mais elle parle aux Gabonais. Elle leur dit une chose : bénéficiaires d’un quasi-culte aux effets dévastateurs à tous points de vue, Omar Bongo Ondimba et Ali Bongo en étaient les vrais concepteurs, les uniques financiers et les principaux soutiens. Elle leur suggère autre chose : si Brice Clotaire Oligui Nguéma veut se mettre à l’abri des errements du passé, il ferait mieux de combattre toute forme d’esprit de cour. Enfin, elle les mène à cette conclusion : la Transition est d’ores et déjà menacée, la flatterie ayant toujours accouché d’hommes forts ou providentiels et jamais d’institutions fortes. Au vu des enjeux, on doit l’affirmer sans ambages : comme jamais auparavant, il faut faire échec aux courtisans.
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