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Interview : « Les propos de Maganga Moussavou ne sont pas dignes d’un ancien-vice président du Gabon » (universitaire)
Publié le jeudi 27 juillet 2023  |  LaLibreville.com
L`ancien
© Autre presse par DR
L`ancien vice-président Pierre-Claver Maganga Moussavou
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Les propos de l’ancien vice-président Pierre Claver Maganga Moussavou suite à la prise d’otages la semaine dernière de Mandji, qui s’est soldée par la mort du forcené, continuent de faire polémique au Gabon. Nous avons demandé à un professeur en science politique de l’UOB de nous éclairer sur la perception de l’opinion sur cette affaire. Interview éclairante.

Comment les propos de Pierre-Claver Maganga Moussavou, prenant fait et cause pour le kidnappeur, sans égard pour les victimes, leurs familles et les gendarmes blessés, ont-ils été perçus dans l’opinion ?

Très mal. Beaucoup estiment qu’ils ne sont pas dignes d’un ancien vice-président. Ils ont eu l’impression d’une forme d’inversion des valeurs où le bourreau devient la victime, et la victime le bourreau. Ici, c’est le kidnappeur que l’on plaint, alors que les gendarmes, qui sont venus sauver les otages, sont accusés d’avoir « tué » le forcené. Or, sans le courage de ces gendarmes, sans leur échange de tirs avec le kidnappeur, fatal pour ce dernier, Dieu sait ce qu’il serait arrivé à ces pauvres otages…

D’autant que le kidnappeur ne sait pas contenter de violences psychologiques à l’encontre de ses otages…

Oui, il y a eu des violences physiques. Comble de l’horreur, comme l’a rappelé le procureur, le jeudi, sur le site de la société pétrolière Perenco, le forcené kidnappe une employée, sa troisième otage (les deux premiers ont été kidnappés mardi sur le site d’Addax Petroleum, NDLR). Durant les deux jours que durera sa détention, elle subira des violences sexuelles. C’est monstrueux. Aujourd’hui, cette personne est encore dans un état de choc psychologique.

Dans ces conditions, comment comprendre les propos de Pierre-Claver Maganga Moussavou…

Celui-ci, avant de s’exprimer, ce lundi, s’est sans doute moins reporter à la réalité que ce qu’en ont raconté les réseaux sociaux qui ont parlé du meurtre d’un jeune gabonais (Glen Patrick Moudende, NDLR) par des gendarmes. Le candidat à la présidentielle qu’est Maganga Moussavou y a vu une occasion de polémiquer et de relancer sa campagne. Il n’a donc pas réfléchi en termes moral, de valeurs, mais politique, de tactique.

C’est-à-dire ?

Il y a 21 candidats lors de cette présidentielle du 26 août. Parmi eux, l’écrasante majorité provient de l’opposition, ce qui montre sa dispersion. Pour pouvoir émerger parmi la masse de candidatures, le seul moyen, pensent certains, c’est de faire du « trash ». C’est donc à celui qui tiendra les propos les plus choquants, outranciers pour retenir l’attention. Car l’objectif, à leurs yeux, c’est faire parler de soi, dans les médias ou sur les réseaux sociaux, faire le buzz comme on dit. Or, dire quelques chose de raisonnable, dans le système médiatique actuel, c’est prendre le risque de souffrir l’indifférence.

Peut-on y voir une forme d’américanisation, d’occidentalisation de la société gabonaise ?

Tout à fait. Ce genre de polémique sur les violences policières, avérées ou fantasmées, on les voit aux Etats-Unis, dans certains pays d’Europe. Elles sont, pour le dire simplement, des produits d’importation. Les affaires très médiatisées comme celles de Georges Floyd, ont marqué les esprits. Ces préoccupations sont portées par une frange minoritaire de l’opinion, mais comme elles sont fortement relayées par les médias, ont a tendance à y accorder une place démesurée. Pour certains hommes politiques, c’est une opportunité. C’est pourquoi ce genre de faits divers a toujours fait l’objet d’une instrumentalisation politique. C’est ce qui s’est passé en l’espèce.

Maganga Moussavou a-t-il réussi son coup ?

A très court terme, oui. Alors que l’attention médiatique était concentrée sur Barro Chambrier et son meeting perturbé de Franceville, celle-ci s’est subitement focalisée sur les propos du président du PSD. Mais à moyen terme, Maganga Moussavou va y perdre des plumes. Ses propos, s’ils satisfont une frange radicale de l’opposition qui explique que tout ce qu’il y a de mauvais au Gabon est la faute du président, viennent heurter la sensibilité majoritaire de l’opinion qui pense que ce genre d’acte criminel doit être sévèrement puni et que, face à une telle situation de danger pour les victimes, les gendarmes, qui sont là pour protéger la population, ont eu raison de riposter.

Finalement, l’attitude du président de la République a été la bonne ?

Oui, le président Ali Bongo Ondimba s’est rendu rapidement au chevet des victimes pour les consoler, de même qu’à celui des gendarmes blessés pour les réconforter. Il a en quelque sorte remis les choses à leur place, les valeurs au bon endroit. Il est important dans une société de bien montrer où est le bien où est le mal. L’ancien vice-président s’est fourvoyé. L’actuel président y a remédié. C’est ce qu’attendaient les Gabonais.
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