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Nouveau gouvernement : Instabilité chronique
Publié le jeudi 12 janvier 2023  |  Gabon Review
Cérémonie
© Présidence par DR
Cérémonie de prestation de serment des nouveaux membres du gouvernement
Cérémonie de prestation de serment des nouveaux membres du gouvernement, ce mardi 10 janvier 2023
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La nomination de l’équipe conduite par Alain-Claude Billie-By-Nzé place Ali Bongo face à son propre échec : il n’a ni stabilisé l’exécutif ni créé les conditions du travail dans la sérénité.

«Efficacité», «intégrité» et, «sens des priorités». Au terme du conseil des ministres de mardi dernier, le président de la République a énoncé des principes. Son auditoire aura-t-il la durée de vie pour s’en imprégner ou les appliquer ? Voire… Sous Omar Bongo Ondimba, les premiers ministres avaient le temps de voir venir : Casimir Oyé Mba, Paulin Obame Nguéma, Jean-François Ntoutoume-Emane et Jean Eyéghé-Ndong occupèrent la fonction respectivement pendant 4 ans et 6 mois, 4 ans et 3 mois, 7 ans, et 3 ans et 6 mois. Même si l’on assista à l’émergence de quelques «roitelets», les ministres pouvaient travailler. Sans doute par souci d’imprimer sa marque, Ali Bongo a rompu avec cette pratique. Par désir d’affirmation, il a changé les gouvernements à un rythme effréné, créant les conditions d’une instabilité chronique tout en hypothéquant toute possibilité d’action.

7 Premiers ministres, 20 gouvernements en 14 ans

Deux informations attestent de ce manque de stabilité. Quand son prédécesseur avait usé 5 premiers ministres en 42 ans, le président de la République en est au 7ème en un peu moins de 14 ans. Depuis septembre 2009, la longévité moyenne d’un chef de gouvernement s’établit à 23 mois, soit moins de deux ans. Quant aux gouvernements, leur nombre est encore plus éloquent : 20, soit une durée de vie moyenne de 8 mois. Pour toutes ces raisons, la nomination de l’équipe conduite par Alain-Claude Billie-By-Nzé place Ali Bongo face à son propre échec : il n’a ni stabilisé l’exécutif ni créé les conditions du travail dans la sérénité. Peut-on initier des lois adaptées au contexte, assurer leur exécution ou exercer le pouvoir réglementaire de façon efficace quand on redoute de quitter sa fonction à tout moment ? Peut-on concevoir des politiques publiques ou les mettre en œuvre en étant sous la menace de la déchéance voire du licenciement ou du chômage ?

Pour se soustraire de tout examen de conscience, pour ne pas engager sa propre responsabilité, Ali Bongo a choisi une stratégie en trois temps : l’appel à une meilleure implication des organes en charge du suivi ou du contrôle, la mise en cause de la moralité des ministres et, le rappel des préoccupations des populations. En insistant sur l’«efficacité», il a pointé les manquements du Conseil national de coordination et de suivi du Plan d’accélération de la transformation (CNCSPAT), du Parlement et de la Cour des comptes. En appelant à plus d’«intégrité», il a mis en garde le gouvernement contre les comportements peu vertueux. En évoquant «le sens des priorités», il l’a invité à s’attaquer au «quotidien des Gabonais», c’est-à-dire à leurs conditions de vie. Venant d’un président de la République adepte du turn-over, ces instructions relèvent du pilatisme ; elles ne visent ni à fixer les règles de conduite ni à définir les modalités d’action, mais à dégager sa responsabilité.

L’«erreur de casting» rééditée

Eu égard aux railleries et doutes suscités par la valse des gouvernements, Ali Bongo fait comme toujours, rejetant tous les torts sur des personnalités sans grand pouvoir de décision. N’empêche, la composition du nouveau gouvernement en dit long sur sa conception de la vertu publique et du profil des ministres. Entre un Premier ministre au passé controversé, un ministre d’Etat habitué des retournements de veste, un autre soupçonné d’enrichissement injustifié, des ministres aux faits d’armes introuvables ou d’illustres anonymes, l’«erreur de casting» pourrait avoir été rééditée une fois de plus. Certes, ces choix n’ont rien d’illégal. Certes, ils peuvent s’expliquer. Mais, en se situant sur le seul terrain de la loi, le président de la République s’est fermé à toute considération éthique ou morale. En privilégiant ses proches ou les affidés de son entourage, il a minimisé la dimension technocratique.

Pour tenir compte de ces paramètres, il lui fallait être au clair sur les relations entre le gouvernement et la présidence de la République. Or, sur ce point, tant d’anecdotes peu glorieuses circulent. Tant d’hérésies se racontent. De notoriété publique, le gouvernement est caporalisé par le cabinet présidentiel, depuis au moins le passage de Maixent Accrombessi, le point de non-retour ayant été atteint avec la magnificence de Brice Laccruche-Alihanga. De ce point de vue, l’«efficacité», l’«intégrité» et le «sens des priorités» dépendent avant tout du président de la République lui-même et, accessoirement, de son cabinet. Bien entendu, le CNCSPAT, le Parlement et la Cour des comptes peuvent y contribuer. Si «le quotidien des Gabonais (doit devenir) prioritaire», chacun doit jouer son rôle tout en se tenant prêt à rendre des comptes. Mettre fin à l’instabilité gouvernementale commande aussi d’assumer ses actes.
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