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Ali Bongo satisfait de son bilan devant le congrès de son parti : Absence de dessein collectif
Publié le mardi 27 decembre 2022  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Lors du 12ème congrès du PDG, Ali Bongo a de nouveau vanté ses «succès.» Pourtant, comme le relève la Banque mondiale, le Gabon «peine à traduire la richesse de ses ressources en une croissance durable et inclusive.»
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Le président de la République demande à ses coreligionnaires d’ «aider le Gabon à aller encore plus haut, encore plus loin.» Comme s’il n’avait cure du mal-être exprimé par de nombreux compatriotes.

Depuis 2009, la gouvernance d’Ali Bongo est moquée, jugée brouillonne. Son bilan est raillé, considéré comme famélique. En dépit de ces sentences, l’homme ne rate aucune occasion pour se livrer à l’autocélébration. Le 22 du mois courant, dans son discours d’ouverture du 12ème congrès du Parti démocratique gabonais (PDG), il a de nouveau vanté ses «succès.» «En moins d’une quinzaine d’années, le Gabon s’est plus que transformé et métamorphosé», a-t-il lancé sous les vivats d’une foule feignant l’adhésion mais à la stupéfaction du reste de la société. Pêle-mêle, il a évoqué la diversification de l’économie, le rôle du Gabon dans la lutte contre les changements climatiques et l’érosion de la biodiversité, l’adhésion au Commonwealth, l’éducation, l’emploi ou les infrastructures…

En eaux troubles

Comme s’il n’avait cure du mal-être exprimé par de nombreux compatriotes, le président de la République a dit avoir «des ambitions encore plus grandes». Comme s’il n’avait pas connaissance des difficultés quotidiennes d’une grande partie de la population, il a dressé un bilan élogieux de son action. Le passage supposé «du tout pétrole à une économie plus diversifiée» ? Au-delà des discours, le secteur pétrolier a représenté 38,5 % du Produit intérieur brut (PIB) et 70,5% des exportations en 2020. Même si l’huile de palme et l’industrie forestière ont connu une certaine progression, tout ceci reste marginal, les efforts n’ayant jamais été concentrés sur des secteurs préalablement identifiés. Si les services financiers se réduisent au mobile banking, certains secteurs sont en plein marasme voire à l’arrêt en raison d’une propension à s’arrimer à des agendas décidés par d’autres et pour d’autres. Il en va ainsi de la pêche, de l’agriculture vivrière et du tourisme.

Voulant se donner l’image d’un «bon élève» dans la «lutte pour le climat», notre pays adhère à toutes les initiatives internationales, y compris les plus farfelues. Comment permettre le développement de la pêche de subsistance ou semi-industrielle quand on décide de classer 20% de sa zone économique exclusive en aires marines protégées et quand on proclame l’ambition de parvenir à 30% ? Comment assurer la souveraineté alimentaire quand on s’engage à placer 30% des terres sous statut de protection ? L’écotourisme ? Comment le promouvoir quand, 20 ans après leur création, les parcs nationaux manquent de tout ou presque ? Ou quand la structure en charge de leur gestion navigue en eaux troubles, accumule des impayés de salaires, utilise une main d’œuvre sans statut juridique, fait la manche pour financer ses activités et s’oppose aux intérêts des populations rurales ?

Pères et mères de familles trimbalant des bidons à travers la capitale

Les problématiques sociales ou sociétales ? Elles n’ont pas bénéficié d’un traitement plus adapté au contexte. Si les infrastructures ont fait l’objet de quelques annonces restées à ce stade, jamais l’éducation et l’emploi n’ont été pris à bras-le-corps. Idem pour la desserte en eau et en électricité. Si la question du genre a été triturée à des fins d’admission au Commonwealth, on ne saurait se satisfaire d’une modification unilatérale du Code civil ou du Code pénal. Pis, on ne saurait se gargariser de la situation de l’Université Omar Bongo, dirigé par un intérimaire depuis février 2020, soit près de trois ans aujourd’hui. De même, on ne saurait tolérer ces scènes de pères et mères de familles, trimbalant des bidons voire des fûts à travers la capitale à la recherche du précieux liquide. Quant au chômage des jeunes, il culmine à 36%, soit l’un des taux les plus élevés d’Afrique, selon les données de l’Organisation internationale du travail (OIT). Bref, comme le relève la Banque mondiale, le Gabon «peine à traduire la richesse de ses ressources en une croissance durable et inclusive.»

Pourtant, Ali Bongo dit avoir «des très hautes ambitions». Il demande même à ses coreligionnaires de l’«aider» et d’«aider le Gabon à aller encore plus haut, encore plus loin.» Sans jouer les rabat-joie, une telle autocélébration relève du déni de réalité. Loin de toute posture partisane, elle laisse croire en une absence de dessein collectif. N’en déplaise aux sectateurs du PDG, cette attitude n’est pas digne d’un président de la République ayant juré de «consacrer toutes (ses) forces au bien du peuple gabonais en vue d’assurer son bien-être et de le préserver de tout dommage». S’il est vraiment au service de sa base militante et non pas de sa nomenklatura, le PDG devrait s’en souvenir avant de désigner son candidat à la prochaine présidentielle.
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