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Santé : «Un énorme désastre» au Gabon, note Ndong Sima
Publié le mercredi 28 septembre 2022  |  Gabon Review
Raymond
© Autre presse
Raymond Ndong SIMA, premier ministre
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Dans une tribune publiée le 26 septembre, l’ancien Premier ministre, Raymond Ndong Sima, passe au peigne fin les «Bérézina du secteur public gabonais», notamment celui de la Santé. Il présente l’état actuel de ce secteur et fait le diagnostic sans complaisance de ses dysfonctionnements chroniques. S’il rappelle que le président Ali Bongo s’est félicité de ses succès lors de son discours à la nation du 16 août dernier, il fait remarquer qu’«à y regarder de près, les faits le contredisent au quotidien, en tout et pour tout, dans tous les domaines».

Examinant la situation dans le secteur de la Santé, l’ancien patron de l’administration gabonaise fait remarquer que dans ce secteur synonyme de vie, le pays compte certes un plus grand nombre de médecins et de techniciens dans différentes spécialités qu’à ses débuts en 1960. Il compte également un plus grand nombre d’hôpitaux, mais «l’état de délabrement de la gestion des ressources humaines et des équipements renvoie l’image effroyable d’un énorme désastre».

Relevant le cas du Centre hospitalier universitaire de Libreville (Chul), Raymond Ndong Sima indique cette infrastructure livrée il y a à peine une dizaine d’années, va à vau-l’eau avec des ascenseurs en panne, obligeant les malades et leurs parents à emprunter les escaliers, des carreaux qui sonnent creux et vont se détacher à brève échéance, des bâtiments sans eau ou si peu, des peintures qui bavent et des rampes d’escalier délabrées. «Au-delà des malfaçons évidentes, l’entretien ne suit pas et les charges récurrentes passent manifestement à la trappe», fait-il remarquer, non sans ajouter que la situation du Centre hospitalier universitaire d’Owendo (CHUO) n’est guère meilleure, de même que celle des autres CHU.

«Fermera-t-on aussi ce ministère comme récemment celui des TP (Travaux publics) ?»

Brossant un tableau peu reluisant de ces structures hospitalières, celui qui a été candidat à la présidentielle de 2016 s’indigne du fait que «des pans essentiels des hôpitaux publics, y compris ceux supposés de référence comme le Chul, sont défaillants quand ils n’ont pas tout simplement disparu». «Le moindre examen, la moindre exploration par imagerie sollicite les cliniques privées puisque, dit-on, les laboratoires des hôpitaux publics manquent de réactifs, que l’entretien des appareils d’imagerie n’a pas suivi et donc que ces machines sont en panne, etc.», a-t-il fait regretté.

Toute chose qui, dit-il, absorbe parfois tout le budget destiné à prendre en charge les soins d’un malade. Et dans ce texte analysant avec pertinence le «désastre» de ce secteur de la Santé, l’économiste souligne que «l’une des conséquences directes de cette situation c’est la transformation, de fait, des salles de consultation des hôpitaux publics en annexes délocalisées des cliniques privées». Il laisse entendre que «le principal gain que les malades y font encore porte sur l’économie qu’ils réalisent sur le coût de la consultation».

Raymond Ndong Sima indique par ailleurs que «la comparaison des sommes inscrites aux budgets annuels de l’État avec la situation tant de pénurie que de délabrement des laboratoires, pharmacies et centres d’imagerie des hôpitaux publics est tout simplement abracadabrantesque. Même le minimum élémentaire de base tel que les gangs, les seringues, l’alcool y fait cruellement défaut et confirme, si besoin en était, l’ampleur du désastre».

«Des montants inscrits au budget de l’année sont-ils effectivement décaissés dans l’année ? Dans l’affirmative à quoi servent-ils ? Et si non pourquoi ne sont-ils pas décaissés dans l’année ? Fermera-t-on aussi ce ministère comme récemment celui des TP (Travaux publics) ? Comment un tel dysfonctionnement a-t-il pu s’installer ? Comment surtout peut-il perdurer ?», questionne l’ancien Chef du gouvernement qui fait noter que «lorsque la pandémie de la covid-19 s’est invitée dans notre pays, on a mis sur pied en quelques semaines le laboratoire Gahouma ; preuve, s’il en était besoin, que lorsqu’on veut, on peut». Ironique à souhait, Ndong Sima relève cette bérézina du domaine de la santé et laisse entendre que «ce n’est pas la dissolution du ministère des Travaux publics qui le démentira».
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