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République du Gabon : le village en pole position et quasi-exclusivité au ministère de la Défense
Publié le mardi 16 aout 2022  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Au ministère de la Défense nationale, deux membres seulement sur les onze nommés au cabinet de Félicité Ongouori Ngoubili, ne proviennent pas de sa contrée natale
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Alors que le Gabon célébrait, le 9 août, la Journée nationale du drapeau, symbole du rassemblement et de la cohésion nationale, l’examen de la composition des cabinets ministériels laisse pantois. Certains ministères s’illustrent par des choix ethniques et claniques préférentiels, notamment celui de la Défense nationale. Ali Bongo Ondimba prêche-t-il dans le désert ?

En dépit des «instructions fermes» et des appels du président de la République, le tribalisme est toujours en vigueur dans la haute administration, notamment au sein des cabinets des membres du gouvernement. La célébration du drapeau national qui devrait être un enseignement civique fort et devrait amener à des propositions de nomination plus «vert-jaune-bleu» pour emmener le pays vers plus d’énergie, d’envie et d’ambition, semble se limiter en une cérémonie juste commémorative. L’unité nationale est toujours mise à mal au sein de nombreux cabinets ministériels. Les mécanismes devant servir à en limiter l’existence n’existant point.

«La République du village » a la peau dure

Au ministère de la Défense nationale, par exemple, sur onze membres nommés au cabinet de Félicité Ongouori Ngoubili, seuls deux viennent d’autres contrées que la sienne (Diara Mouida et Massessey). Du directeur de cabinet (Alandji) aux chargés d’études (Okogo Mpiga) en passant par les conseillers (Lendoye, le conseiller financier, ainsi que les quatre conseillers techniques que sont Ossié-Otounga, Mbadou-Abouna, Lendjiga, Opaga) et les chargés de mission (Ntsélé et Ampassi), tous viennent de la même province du sud-est du pays. La ministre semble avoir décidé que chaque département, village ou hameau de sa province d’origine devait disposer de son représentant dans son cabinet. Comme une distribution de strapontins au niveau provincial.

Pourquoi donc quand on est de la Lékoni-Lékori, ne doit-on choisir ses collaborateurs que dans le giron familial, dans le périmètre Akiéni-Okondja-Ngouoni-Moanda ? Au ministère de la Défense, quelle langue parle-t-on ? Quelle langue doit-on y parler quand on se retrouve «nous-mêmes nous-mêmes» ? Comment comprendre qu’après avoir vécu plusieurs années à l’étranger comme diplomate, la ministre de la Défense peut-elle rester rivée au clan, à l’ethnie, au département et à la province à ce point ? Sans doute oublie-t-elle que les responsabilités qu’elle occupe aujourd’hui sont des fonctions nationales appelant au dépassement de soi, au dépassement des «petites combinazione du village» ? Sans doute oublie-t-elle également que le vivre-ensemble est la véritable respiration du pays tout entier.

En tout cas, le drapeau national, symbole de la cohésion sociale, n’a pas été pris en compte. L’ancien ambassadeur du Gabon à Bruxelles et Genève n’a pas été «très sport» avec les autres cadres du pays qui auraient pu servir à son cabinet. Un cabinet d’ouverture est-il si compliqué à composer ? Que craint-on ? Pourquoi n’en réserver la quasi-exclusivité qu’aux membres de sa localité ? Pourquoi doit-on toujours ne regarder que le giron familial ?

Décontractés, le sourire toujours aux lèvres, plutôt sympathique en ville, mais très vite transformés dès qu’il s’agit de composer leur cabinet, certains ministres affichent sans vergogne leur inclination pour le »tribalisme ». Ce sont des «anti-vivre ensemble», incapables de s’ouvrir à des compétences venues d’autres horizons. «En 2022, voilà l’image qu’ils donnent encore du Gabon, un pays dont les dirigeants ont une vision étriquée quant au choix des intelligences», commente un professeur de sociologie de l’Université Omar Bongo. Le chemin vers un réel vivre-ensemble est vraisemblablement semé d’embûches.
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