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ENAM: l’école gabonaise des beaux-arts dans l’archaïsme anti-émergence
Publié le lundi 16 juin 2014   |  Gabon Review


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© Autre presse par DR
École nationale des Arts et Manufacture (ENAM)


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Créée depuis 1970, sur les anciennes installations du Haut conseil pour les réfugiés (HCR) ayant servi de base d’accueil des réfugiés de la guerre du Biafra, l’École nationale des Arts et Manufacture (ENAM) aurait jusqu’à ce jour tout le mal du monde à s’arrimer au système éducatif moderne, à l’exemple d’autres grandes écoles supérieures du Gabon. Plus grave, elle tombe dans la désuétude et l’indigence.

La particularité d’être la seule institution du Gabon à former au métier de la peinture, aux arts graphiques, à l’architecture, à la céramique, la sculpture et aux arts dramatiques dont jouit et se vante l’École nationale des Arts et Manufacture depuis trente ans serait sans grande portée ni avantage pour son développement et sa promotion sur le plan local.

De plus, l’ENAM est frappée de tous les maux et causes d’une disparition à petit feu, sans qu’aucune autorité ne s’en émeuve, ni qu’un mécène ou sponsor ne pense à entreprendre quelque chose pour la sauvegarde de ce creuset qui a formé certains grands artistes du Gabon, sinon la plupart. On sait par exemple, que Marcelin Minkoe Mi Nzé y a été formé, de même que Walker Onenwin, Christian Ndong Menzamet ou Grorges Mbourou. Nombreux de ses anciens élèves se sont succèdés ministre de la Culture ou sont devenus directeurs général de cette école sans n’avoir jamais été interpellés, en leur âme et conscience, par ce naufrage de l’usine gabonaise de «la culture et du savoir».

En plus du sempiternel problème de la voie d’accès auquel les usagers font face quotidiennement, se greffent ceux de l’éclairage des salles de classe, de l’absence des toilettes pour les étudiants, de l’insuffisance des chaises pour les étudiants et de l’absence de réseau internet. À ce chapelet de doléances qui n’est pas propre à l’ENAM, s’ajoutent des manquements qui toutefois, font d’elle une institution unique en son genre au Gabon.

Payement de bourse

Ainsi, pendant que l’État se donne les moyens de dynamiser le fonctionnement de son administration et partant la modernisation du service public, l’ENAM a été confiné dans système archaïque de gestion des étudiants. En effet, depuis 2008 l’ensemble des établissements supérieurs du Gabon a migré au système de payement de bourse d’études par carte de trésor en laissant loin derrière eux les tracasseries de retrait de bon de caisse. Une évolution, semble-t-il, compliquée pour l’administration de l’école nationale des Arts et Manufacture qui s’opposerait à cet arrimage, préférant maintenir les apprenants à la méthode des payements trimestriels, conditionnés par l’obtention de la moyenne de classe et au règlement à la main comme dans les lycées et collèges du pays.

Logements d’étudiants, mutuelle et transport du personnel

Afin de permettre à tous les Gabonais des neuf provinces, passionnés de la culture et des art de se former à l’ENAM, l’État a fait construire au sein de cet établissement des box de 3m sur 3m pour accueillir et faciliter la période d’étude des étudiants provenant de l’intérieur du pays, qui n’ont pas de parents chez qui loger à Libreville. Malheureusement, ces chambres d’étudiant servent à autre chose qu’à leur fonction première, à savoir la location à tout venant externe à l’établissement au bonheur du directeur général de l’école, Jean-Baptiste Ogala, alias «Mister H», accusé par les étudiants d’avoir un appétit effréné pour la «bière Heineken».

À ces écueils, s’ajoutent l’interdiction pour les étudiants de créer une mutuelle universitaire, interdiction pour le corps enseignant et administratif d’espérer se faire transporter par le bus du personnel offert par leur ministère de tutelle, devenu par la volonté du patron (directeur général), son véhicule de fonction et de loisir.

Bien que révoltés et accablés par ces nombreux manquements, les victimes de ce système (enseignants, vacataires et étudiants) ne peuvent pas se permettre d’initier des plaintes ou des revendications au risque d’être exclus ou recalés lors des examens de fin d’année par le tout-puissant monsieur «saviez-vous qui je suis ? Saviez-vous qui m’a amené ici ?». C’est autant de lignes à ne pas transgresser si l’on tient à sa carrière ou à sa réussite scolaire au sein de l’ENAM. Cette école, créée par le Décret n° 008/FR/MEN du 20 août 1970, mérite un meilleur regardes gouvernants en vue de sa modernisation. Car, l’art et la culture sont l’âme d’un peuple. Mais que vaut un peuple qui n’a aucun respect de son art et de sa culture, un peuple qui laisse mourir les canaux de reproduction de son esthétique et de sa culture ?

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