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Mutisme de Lambert-Noël Matha sur la question électorale : Logique partisane
Publié le mardi 12 juillet 2022  |  Gabon Review
Lambert-Noël
© Autre presse par DR
Lambert-Noël Matha, ministre de l’Intérieur
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En refusant de nourrir le débat, le ministre de l’Intérieur s’éloigne de l’esprit de la République.

Pris de court, le gouvernement fait la sourde oreille. Depuis plus d’un mois, le débat sur la transparence électorale fait rage, de nombreuses forces sociales ayant avancé leurs propositions. Après la plate-forme des partis politiques et regroupements des partis politiques de l’opposition (PG41), après la Réappropriation du Gabon et de son indépendance pour sa reconstruction (Réagir), la société civile vient de déposer un mémorandum y relatif. Si la présidente de la Cour constitutionnelle a récemment abordé cette question avec une délégation de la PG41 conduite par le président de l’Union pour la nouvelle République (UPNR), Louis Gaston Mayila, et composée entre autres de ses homologues de Les démocrates (LD) et l’Union Nationale (UN), Guy Nzouba-Ndama et Paulette Missambo, le ministre de l’Intérieur s’enferme dans un silence assourdissant.

Fidèle à sa réputation

De la part de Lambert-Noël Matha, une telle attitude n’est pas vraiment surprenante : elle confirme son peu d’appétence pour le débat d’idées. Comme s’il voulait faire honneur à sa réputation de faucon, le ministre de l’Intérieur se refuse à livrer une quelconque appréciation. Le collectif de femmes de l’opposition, Djoui L’akassi, s’est-il prononcé pour le bulletin unique afin de «réduire le coût d’impression, faciliter le choix de l’électeur et éviter des enveloppes accolées» ? S’est-il élevé contre «le tripatouillage et les violences post-électorales» ? Cela l’a laissé de marbre. La PG41 a-t-elle publiquement fait part de sa volonté de lui remettre ses propositions en espérant ouvrir une discussion directe ? Cela n’a suscité aucune réaction de sa part. Réagir a-t-il exigé «de façon pressante et urgente des assises politiques nationales pour revisiter le dispositif électoral actuel afin de garantir une alternance démocratique apaisée» ? Cela ne l’a nullement ému. Bruno Georges Ngoussi a-t-il émis le vœu de voir les Gabonais s’entendre «pour mettre en place des instruments démocratiques fiables» ? Il est resté coi.

Fidèle à sa réputation, Lambert-Noël Matha se veut à la fois discret, impassible et fermé. N’empêche, sa posture ne change rien au débat de fond. Bien au contraire. A-t-il remplacé le décret n° 000398/PR/MISPD du 10 mai 2002 par le décret n° 000236/PR/MISDDL du 04 octobre 2018 fixant les modalités de convoyage, d’affichage et de consultation des procès-verbaux ? La PG41 réclame le retour au statu quo ante. Avait-il porté la réforme ayant débouché sur la mise en place du Centre gabonais des élections (CGE) ? Désormais, on lui demande de se délester de toutes ses prérogatives en matière électorale pour les y transférer. A minima, on le somme de procéder au renouvellement du bureau de la CGE, le mandat de l’actuel étant échu depuis avril dernier. Avait-il annoncé la production d’une carte nationale d’identité numérique pour le début de l’année en cours ? L’opposition exige la production d’un document «infalsifiable avec QR code.» Les mêmes précisions valent pour la carte d’électeur.

Une opposition structurée et constructive

Ni le ministre de l’Intérieur ni le gouvernement ne sortent grandis de ce mutisme sciemment entretenu. A la limite, ils y perdent en autorité, élargissant les lignes de fracture. Accusés de ne pas vouloir «créer les conditions d’une compétition électorale démocratique, équitable, transparente et crédible», ils sont pressés de «faire un choix juste, dépassionné, non partisan.» Leur comportement répond-il à cet appel ? Contribue-t-il à rassurer les parties ou à asseoir leur confiance dans les institutions ? Pas sûr. A l’inverse, la tonalité des interventions de la PG41, de Réagir comme de la société civile traduit un certain agacement voire de l’écœurement. De même, les circonvolutions rhétoriques de Marie-Madeleine Mborantsuo expriment sinon un sentiment d’impuissance, du moins une gêne. Même s’il a toujours confondu autorité et autoritarisme, le gouvernement ferait mieux de le comprendre.

En faisant comme s’il n’a pas eu vent des propositions formulées par des forces sociales, le ministre de l’Intérieur s’éloigne de l’esprit de la République. En refusant de nourrir le débat, il s’inscrit dans une logique partisane. «La démocratie gabonaise gagnerait à avoir une opposition structurée et constructive, qui ne se contente pas de critiquer sans jamais faire de contre-propositions», lançait pourtant le président de la République, en mars 2021, chez nos confrères de Jeune Afrique. A l’évidence, Ali Bongo devrait plutôt se demander si son camp politique est réellement prêt soutenir la contradiction en opposant des idées aux idées. Ou à regarder la réalité en face pour répondre aux attentes des populations. A 13 mois de la prochaine présidentielle, de telles interrogations ne sont ni rassurantes ni du meilleur effet. Ne pas l’admettre ce n’est pas faire de la politique. C’est sombrer dans la politicaillerie.
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