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Finances publiques : Couacs et incohérences relevés dans la gestion des fonds Covid au Gabon (Audit)
Publié le samedi 25 juin 2022  |  Le Nouveau Gabon
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Mis sous pression par le Fonds monétaire international (FMI), le Gabon vient finalement de publier deux rapports d’audit de la gestion des fonds Covid-19. Cet audit portant « uniquement » sur les ressources affectées au fonds spécial créé par décret présidentiel en mars 2020, a été réalisé par le cabinet Deloitte Touche Tohmatsu. Ces deux rapports d’audits couvrent respectivement l’exercice 2020 (du 31 mars au 31 décembre) et l’exercice 2021 (du 1er janvier au 31 août 2021).

De ces documents qui retracent les états financiers du Fonds Covid, il ressort que l’État du Gabon a dépensé un montant cumulé de 53,5 milliards de FCFA pour la lutte contre la pandémie en 17 mois. Soit 36,9 milliards de FCFA entre le 31 mars et 31 décembre 2020 et 16,5 milliards de FCFA de janvier à août 2021.

Les dépenses d’investissements se cumulent à 17,6 milliards de FCFA (17,1 milliards de FCFA en 2020 et 536 millions de FCFA en 2021). Ces fonds ont servi principalement à l’acquisition du matériel informatique et de bureau, ainsi qu’à l’équipement en matériel médico-technique destiné à la mise en place du Laboratoire Pr Daniel Gahouma pour le diagnostic, et celui de l’hôpital de campagne pour la prise en charge des patients Covid-19.

Les dépenses de fonctionnement s’élèvent à 35,8 milliards de FCFA (19,8 milliards en 2020 et 16 milliards entre janvier et août 2021). Selon l’audit, cet argent a été déboursé pour l’achat des consommables de protection individuelle (masques, les lunettes de protection), l’achat de fournitures spécifiques de santé et de laboratoire. Ces dépenses intègrent également les frais de missions, de transports, d’hôtels, la prise en charge de la restauration des malades et du personnel, ainsi que les rémunérations versées à tout le personnel affecté au service de la riposte au Covid-19, achat de fournitures spécifiques de santé et de laboratoire, la communication, l’appui aux sous-commissions provinciales…

Absence de justificatifs

Dans ce rapport, Deloitte pointe surtout des anomalies, incohérences et insuffisance dans la gestion des fonds Covid-19 au Gabon. Notamment l’absence de certains justificatifs en rapport avec des dépenses ordonnées. C’est par exemple le cas de l’achat de matériels, équipements médicaux, des consommables et fournitures médicales d’un montant de 15,924 milliards de FCFA, auprès du fournisseur Jinjianj Jiaxing.

Au sujet de ce marché passé en 2020, l’auditeur indépendant affirme ne pas être en mesure « d’attester de la réception effective des investissements et autres achats… pour un montant de 8 milliards de FCFA ».

Concernant le même fournisseur étranger, les auditeurs mentionnent « des insuffisances documentaires » au sujet de la commande de 175 respirateurs passée en 2020 pour un montant global de 4,08 milliards de FCFA. Si le contrat passé avec le fournisseur, la facture pro forma et la preuve du paiement ont été mis à la disposition de l’auditeur, la liasse fournie au conciliateur s’est avérée incomplète. « En absence de facture(s) définitive(s) de bons de réception de ces matériels et équipements, les premières procédures d’audit mises en œuvre n’ont pas permis de valider la réalité et l’éligibilité de cette opération (…) », avise l’auditeur.

Toutefois, l’exploitation du fichier de suivi des stocks placés sous la responsabilité du Conseiller du président de la République a permis de retracer la réception de 183 respirateurs. « Soit 8 de plus que la quantité commandée et réglée dont 26 auraient été livrés aux bénéficiaires finaux », observe le rapport. Mais les preuves du transfert effectif de ces 26 appareils n’ont pas été fournies au conciliateur. D’où sa réserve au sujet de cette dépense. « Nous ne sommes pas à mesure de nous prononcer sur le transfert aux bénéficiaires effectifs de 26 respirateurs acquis au montant de 712 millions de FCFA », conclut-on.

Le cas GSEZ

Le rapport épingle également une commande passée par l’État du Gabon au fournisseur GSEZ. Au sujet de cette opération portant sur des achats d’équipements et des consommables médicaux Covid, Deloitte relève l’absence de convention avec le prestataire, « malgré le montant élevé de la transaction », soit plus de 4 milliards de FCFA. L’autre curiosité consignée par l’auditeur est que le fournisseur concerné (GSEZ) n’est pas spécialisé dans le domaine de la fourniture de consommables et équipements médicaux. Par conséquent, le cabinet d’audit n’a pas pu valider le montant de 1,8 milliard de FCFA évalués pour ce matériel constitué notamment de 100 000 kits tests pour un montant de 1,4 milliard de FCFA.

Suite à toutes ces anomalies et incohérences, le cabinet Deloitte dit ne pas être en mesure « d’exprimer une opinion favorable sur les états financiers du fonds spécial de lutte contre l’épidémie » sur la période de mars à décembre 2020. Car, « nous n’avons pas obtenu de différentes parties prenantes à notre mission (Agence comptable du Copil, services du ministère du Budget et des comptes publics et le ministère de la Santé), les éléments probants suffisants et appropriés pour fonder une opinion d’audit sur ces états financiers », explique-t-on dans ledit rapport.

Achat des vaccins

Sur la période comprise entre janvier et août 2021, l’audit note également des manquements dans la gestion des fonds alloués à la lutte contre le Covid. C’est par exemple le cas dans l’achat des vaccins. L’auditeur constate une différence « significative » entre les quantités commandées et payées (890 000 doses de vaccins) courant mai 2021 et les quantités livrées postérieurement à la clôture de la période auditée (soit à partir de septembre 2021, réception de 622 242 doses de vaccins). « Il se dégage un écart de 267 758 doses de vaccins pour lesquels nous n’avons pas reçu d’explications », rapporte l’audit.

Selon les données du rapport, le fonds spécial de lutte contre le Covid a été financé essentiellement par l’État gabonais et les bailleurs de fonds. Dont le Fonds monétaire international (FMI) à travers un financement d’urgence au titre de l’Instrument de financement rapide (IFR) de 177,2 milliards de FCFA en 2020.

À noter que la publication de ces rapports d’audit du fonds Covid était l’une des conditions du FMI pour le décaissement d’un financement de 124 milliards de FCFA au titre des première et deuxième revues du Mécanisme élargi de crédit (MEDC), approuvé en juillet 2021 pour un montant global de 553,2 millions de dollars américains (307 milliards de FCFA). Ces rapports d’audit ont été publiés sur le site du ministère de l’Economie le 17 juin 2022.
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