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UOB : exclusion ou bannissement social des étudiants impétueux ?
Publié le vendredi 13 juin 2014   |  Gabon Review


Université
© Autre presse par DR
Université Omar Bongo (UOB) de Libreville


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Sur une quarantaine d’étudiants de l’Université Omar-Bongo exclus, pour la plupart de la Faculté de Droit et des Sciences économiques (FDSE), neuf viennent de se voir livrer à la vindicte par les autorités rectorales de l’UOB. Motif : ils seraient les principaux auteurs des casses et autres abus enregistrés depuis le début des manifestations. Exposés sur la place publique à visages découverts, les «exclus» appréhendent chacune de leurs journées.

Depuis quelques mois, l’Université Omar-Bongo (UOB) est en ébullition. C’est, en effet, à ne plus savoir qui et en quoi croire, tant le climat est devenu nauséabond et manifestement dégradant pour l’image du pays à l’extérieur. En arrêt de cours depuis trois semaines en raison d’un mot d’ordre lancé par le corps enseignant, apeuré par les nombreuses manifestations violentes dont le campus est devenu le théâtre, l’UOB sombre peu à peu dans le chaos. Etudiants et autorités rectorales s’accusent mutuellement d’être la cause des malheurs de l’établissement d’enseignement supérieur. Dans ce jeu de massacre, c’est désormais à qui portera le coup fatal à l’autre. Et sur cet aspect, les dirigeants ont définitivement pris l’ascendant sur les «casseurs et séquestreurs».

En effet, faisant suite à la requête des enseignants qui souhaitaient débarrasser l’UOB de ceux que certains nomment «génocidaires du savoir», Marc-Louis Ropivia et ses collaborateurs ont publié, le week-end dernier, dans un des médias les plus lus du pays, une liste des 9 principaux accusés, noms, matricules, niveaux d’instruction et photos à l’appui. Un mode de sanction qui, pour plusieurs individus, laisse fortement à désirer. «Du jamais vu, même pas dans l’URSS la plus coercitive !», s’est exclamé un ancien enseignant de cette université.

Pourtant, pour les dirigeants de l’UOB, la publication de ce communiqué trouve son justificatif dans la volonté de bouter la violence hors de l’établissement. D’autant plus que «le point culminant de cette violence délibérée a été atteint avec le passage à tabac par un groupe d’étudiants de la FDSE de M. Aymerie Oyissa, employé au service du patrimoine de l’UOB, dont les sévices ont nécessité une hospitalisation ; le caillassage du véhicule de M. Pierre-Claver Mongui, directeur du Département des Lettres Modernes et, récemment, la énième séquestration de l’équipe décanale de la FDSE, assortie de la destruction du véhicule de fonction de M. Jean-Claude James, Doyen de ladite Faculté.»

Violation du droit a l’image

C’est donc tout «en reconnaissant le droit légitime des étudiants à critiquer, à revendiquer et à manifester» que le conseil rectoral a souhaité frapper un grand coup, en dénonçant «avec force l’attitude irresponsable et jusqu’au-boutiste» des 9 étudiants dont 5 sont inscrits au département de Droit, 3 en Economie et 1 en Sociologie. Plutôt curieuse la méthode choisie par ledit Conseil qui semble ne pas avoir pesé les conséquences de cette publication sur la vie des présumés auteurs de troubles. Si l’on comprend la «détermination à sanctionner, par tous les moyens académiques et légaux, les auteurs d’actes ayant troublé l’ordre public universitaire ou qui ont porté atteinte à l’intégrité physique et morale des personnes ou encore conduit à la destruction du patrimoine public ou privé au sein du campus», l’on comprend beaucoup moins que de jeunes Gabonais soient ainsi livrés en pâture quand une sanction moindre est envisageable. «On sape à jamais l’avenir de ces enfants. Ces photographies pourront leur poser des problèmes partout dans la vie : à l’embauche, au moment d’épouser une femme ou dans la rue avec les policiers ou même avec quelques quidams zélés. La correction doit laisser une chance de réhabilitation à celui qui est puni. C’est comme si on bannissait à jamais ces étudiants de la société. L’histoire retiendra la méthode», pense l’ancien universitaire cité plus haut, avant de conclure : «Heidegger vient d’être dépassé», faisant sans aucun doute allusion aux reproches qu’on fait aujourd’hui à ce philosophe allemand pour sa collusion avec le régime Nazi alors qu’il était recteur de l’université de Berlin.

Surtout qu’en agissant ainsi, Marc-Louis Ropivia et les siens se sont notamment rendus coupables de violation d’un droit civil internationalement reconnu, à savoir le droit à l’image qui, quoi qu’on dise, permet à ces étudiants de s’opposer, au nom du respect de la vie privée, à la diffusion de leurs photographies. Le conseil rectoral en a-t-il tenu compte ou s’est-il laissé aveugler par les événements ? Le débat est ouvert…

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