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Samuel Ngoua Ngoua dans la nasse de l’Emergence
Publié le vendredi 13 juin 2014   |  Gabon Review


André
© Autre presse par DR
André Mba Obame (AMO)


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Après près de deux décennies passées hors du pays, l’ancien secrétaire général du Syndicat des enseignants de l’éducation nationale, à qui le milieu de la contestation politico-syndical du Gabon est familier, vient d’être nommé directeur adjoint de cabinet 2 du président de la République. C’est assurément un gros poisson qui vient d’être pris.


Comme ça lui aussi choisit d’embarquer dans le train de l’Emergence ? Samuel Ngoua Ngou répond, au choix, par son refus de céder à «l’émotion» et la réaffirmation de sa volonté à défendre et promouvoir «la justice et la liberté» ou par une citation de Martin Luther King sur la justesse des lois. Le 10 juin dernier, le bouillant secrétaire général du Syndicat des Enseignants de l’Education nationale (SEENA), entre 1990 et 1994, a été nommé directeur adjoint de cabinet 2 du président de la République. Il y remplace Mathias Otounga Ossibadjouo, promu directeur adjoint de cabinet 1 en remplacement de Serge-Maurice Mabiala, entré au gouvernement en qualité de ministre de la Fonction publique. C’est donc une figure emblématique des luttes sociales et syndicales qui entre au cabinet du président de la République.

A 54 ans, Samuel Ngoua Ngoua a accompli un parcours à la fois atypique et exemplaire. Fonctionnaire international en service à l’Internationale de l’Education avec résidence à Accra depuis bientôt 20 ans, l’homme est précédé par une glorieuse réputation. Même si l’évocation de son nom ne renvoie à rien pour les jeunes générations, il demeure une figure essentielle de la contestation au Gabon. Certains l’ont, de tout temps, présenté comme une «marionnette», le défenseur des intérêts des «Rénovateurs», ce courant PDG du début des années 90 cornaqué par Ali Bongo, André Mba Obame et François Engongah Owono, notamment. Cela ne l’a jusque-là pas empêché de se bâtir une réputation d’irréductible, d’homme de principes et de convictions. Echangeant, en mars dernier, avec des internautes, sur son compte Facebook au sujet d’un éventuel come-back, il affirmait : «Le pays va droit dans l’abîme. Il suffit de tenir le fichier des contestations et grèves en cours, sans compter les affaires burlesques qui montrent à quel point le Trésor public est braqué au quotidien», ajoutant : «Tous les jours que Dieu fait j’essaye de faire quelque chose pour le Gabon». Rien moins que ça !!!!

Au cabinet du président de la République, Samuel Ngoua Ngou va donc devoir «faire des choses pour le Gabon» loin de ses amis et alliances, en opposition à ceux qui l’ont toujours porté aux nues, soutenu et défendu contre vents et marées. Il y a 30 ans lorsque le vent démocratique venu de l’Est de l’Europe balaie le monopartisme et la pensée unique, chacun se souvient des combats épiques qu’il mène alors, aux côtés de sa collègue, Christiane Bithougat, pour exiger des meilleures conditions de travail dans le secteur de l’éducation. Chacun a encore en tête que ces luttes syndicales et sociales se soldèrent par le plus vaste programme de construction d’écoles des trente dernières années au Gabon et par la revalorisation du métier d’enseignant. De cette période, de ces victoires, il dit, perfectionniste: «Nous devons amplifier (la) lutte pour élargir l’espace d’acquisition des connaissances dont nos compatriotes ont (…) besoin pour participer positivement à l’œuvre d’épanouissement (…) de la Nation». «Tenez-vous disponibles !», lance-il ensuite. Annonce de la reprise en mains des luttes sociales et syndicales ou d’un engagement en politique ?

Certains y ont tant et si bien cru qu’en mars 2013, une folle rumeur tente d’accréditer l’idée selon laquelle des ténors de la société civile nationale seraient entrés en contact avec lui en vue de lui forger une stature présidentielle en prévision de 2016. Dans le même temps, le quotidien panafricain en ligne Gri-Gri International, laisse entendre qu’il serait l’objet d’une opération de «drague» menée par Ali Bongo.

Ralliement de taille

Le fin mot de toutes ces supputations est désormais connu. Revendiquant la liberté de tracer sa route et construire sa carrière, Samuel Ngoua Ngou s’étonne ou feint de s’étonner de ce que certains compatriotes «se permettent de (lui) intimer des ordres comme si (sa) vie leur appartenait». Se référant systématiquement à Dieu pour répondre à ses nouveaux contempteurs, l’homme semble ne pas vouloir se justifier outre mesure, au risque de nourrir et entretenir la polémique. Par choix tactique, il préfère se présenter en «instrument entre (les) mains de Dieu» pour la gloire duquel il dit œuvrer.

Samuel Ngoua Ngou, tenant du déterminisme ? Certains le disent de culture chrétienne mais non pratiquant. D’autres le disent plus proche du matérialisme historique. «Son engagement syndical témoigne vient du fait qu’il est, comme Jacques Roumain, convaincu que ‘’l’homme est le boulanger de sa vie’’», assène un enseignant qui dit l’avoir longtemps côtoyé, ajoutant : «Toute son histoire de destinée ou de référence à Dieu n’est qu’une fuite en avant pour éviter le débat».

Quoi qu’il en soit, le nouveau Directeur de cabinet adjoint du président de la République va prendre ses nouvelles fonctions dans les plus brefs délais. Même si entre Alfred Memine-me-Nzué, président du Conseil départemental du N’tem et membre de l’Union nationale, Fridolin Mve Messa, secrétaire général de l’Union des syndicats de l’administration publique (USAP) et Simon Ndong Edzo, délégué général de la Convention nationale des syndicats de l’éducation nationale (Conasysed), le terrain politico-syndical sur ses terres du N’tem/M’Véze semble miné pour Samuel Ngoua Ngou, Ali Bongo vient d’enregistrer un ralliement de taille.

Cinq ans après son apparition, l’Emergence à la gabonaise vient, de toute évidence, de faire sa plus belle prise de guerre politique en la personne du très contestataire secrétaire général du SEENA du… début des années 90. Qui l’eut cru ? Qui a dit qu’«on ne fait pas du neuf avec du vieux» ?

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