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Art et Culture

Interview - Laurence  NDONG, auteur de  "Que les consciences s’éveillent"  : «Des enseignements vulgarisés depuis longtemps ont enfermé l’Eglise au lieu de l’ouvrir sur notre monde ».
Publié le samedi 28 mai 2022  |  aLibreville.com
Laurence 
© aLibreville.com par DR
Laurence  NDONG, auteur de  "Que les consciences s’éveillent"
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Laurence NDONG a sorti, depuis le 4 avril 2022, sa 3e œuvre littéraire, un essai intitulé "Que les consciences s’éveillent". Dans la préface de cet essai, l’’Ivoirien Kakou Ernest Tigori écrit que « par analogie religieuse et s’appuyant sur sa foi, elle veut faire prendre conscience des difficultés auxquelles sont confrontés des femmes et des hommes face à des enseignements bibliques erronés et à des systèmes dirigistes viciés qui corrompent les sociétés africaines ». Dans cet entretien exclusif, elle en parle.

 
D’où vous est venue l’idée de produire une telle œuvre ?


J’ai décidé de m’impliquer personnellement dans la vie de mon pays (Ndr : le Gabon) mais au début je ne comprenais pas ! Il y a eu des hommes de Dieu qui sont venus me dire : « toi tu es appelée à faire la politique ». Mais je ne comprenais pas, car on me dit à l’Eglise que faire de la politique c’est le péché, c’est pas de Dieu. C’est ainsi que je me suis retirée pour prier, pour essayer de comprendre les relations entre Dieu et les nations. Pourquoi Dieu nous a laissés sur terre ? Quel est notre rôle en tant que Chrétien ? J’ai commencé moi-même à mettre en pratique ce qui était sorti de cette méditation, à savoir que je me suis engagée dans la vie politique. J’ai commencé à dénoncer les injustices dans le but de rétablir la justice. Lorsque la bible dit que le Seigneur nous donne la vie en abondance, est-ce qu’un Chrétien au chômage peut avoir la vie en abondance ? Il faut une politique économique qui va créer l’emploi et résorber le chômage. Lorsqu’un Chrétien n’arrive pas à se soigner, est-ce qu’il a la vie en abondance ? Ce n’est pas que Dieu n’a pas donné la richesse au pays, mais parce que l’argent qui devait servir à cet effet a été détourné. Est-ce la justice de Dieu ? Doit-on rester à regarder sans rien dire parce qu’on est Chrétien ? La parole étant la base de toute chose, je suis allée voir dans la parole et ce que j’ai appris c’est ce que j’ai mis dans ce livre.


Concrètement, qu’est-ce que vous avez appris ?

J’ai commencé à moi-même mettre en œuvre tout ceci. Ce message, c’est surtout pour l’Eglise africaine parce qu’il y a une contradiction entre le nombre important de Chrétiens et la vie de nos pays où il y a la corruption , les violations des droits de l’homme etc. Nos pays n’avancent pas alors que, nous Chrétiens, nous devons être la lumière du monde. Il y a un dysfonctionnement, et en tant que Chrétien, nous ne jouons peut-être pas notre rôle. Il y a aussi des enseignements qui ont été vulgarisés depuis longtemps et qui ont enfermé l’Eglise au lieu de l’ouvrir sur notre monde. Pourtant, le Seigneur a bien dit : « On n’est pas la lumière de l’Église mais du monde ».


A l’origine de ces tares que connait la société, pensez-vous que la foi ou le manque de foi des gouvernants y est pour quelque chose ? Le gouvernant doit avoir une foi chrétienne, selon vous ?

Vous savez, tous les pays du monde qui sont bien gouvernés n’ont pas forcément des Chrétiens à leur tête. Nous avons le Botswana en Afrique (très souvent on prend l’exemple de pays européens) est l’un des pays les mieux gouvernés au monde. Je ne pense pas que les autorités botswanaises sont forcément chrétiennes. Nous avons également l’Ile Maurice qui aujourd’hui est pris en exemple, et qui a fait du chemin. Ces autorités ne sont pas forcément chrétiennes. Ce qu’il faut dans un pays, c’est que les lois soient justes. Ce qui fait la grandeur d’une nation, c’est la justice qui tient compte de tout le monde : la justice dans la répartition des richesses où on prend soin des pauvres, des orphelins, etc. où l’argent du pays est redistribué à travers les services sociaux. On fait les hôpitaux, les routes. Cela n’a rien à avoir avec la foi des gouvernants. On peut être un bon gouvernant, avoir le sens de l’éthique sans forcément être Chrétien. Maintenant, si des Chrétiens sont à des postes que leur intégrité serve à construire leur nation et non pas seulement à être dans le cadre de l’Église. Parce que être Chrétien, c’est une nouvelle nature. On est Chrétien partout. Mais pourquoi cette justice ne transparait-elle pas à l’échelle de nos nations ? Certainement que notre justice ne s’exprime pas là où elle devrait s’exprimer. Elle reste peut-être enfermée dans l’Église. Aujourd’hui, l’Afrique est dans l’urgence : politique doit rimer avec éthique. On nous a trop fait croire que politique c’est corruption. Nos gens qui vont se soigner en Europe, en Amérique etc. c’est parce que les politiques ont construit des hôpitaux.
 
Il faut qu’on sorte du paradigme où les gens en réalité ne gouvernent pas pour le peuple mais pour eux-mêmes. Plutôt que de s’ériger en donneur de leçon, il faut mettre la main à la patte.
 

 
C’est votre 3e ouvrage, avez-vous des attentes spécifiques pour ce dernier ?
 

J’ai publié en 2016, « Gabon : Pourquoi j’accuse ». Un ouvrage dans lequel je parle de la situation au Gabon notamment de mon expérience en politique au Gabon et sur la nécessité de s’engager en politique. J’ai écrit « Femme Chrétienne Leadership féminin », en 2018 et en 2022, « Que les consciences s’éveillent ». Je suis toujours dans la logique de l’enseignante ; parce qu’en réalité je suis une enseignante. Mon but est d’instruire, de partager la connaissance qui est la mienne . Parce que nos actes dépendent de nos pensées étroitement liées à nos connaissances. Dieu dit : « mon peuple périt par manque de connaissance. L’ignorance mène inéluctablement à la mort. ». Par conséquent, il faut pouvoir éclairer.
 
 
Le livre est sorti depuis le 4 avril 2022. Quel retour avez-vous ?

 
Le premier retour que j’ai est venu des maisons d’édition. Parce que quand j’ai écrit ce livre, je n’ai pas voulu m’enfermer dans les maisons d’Edition chrétiennes. J’estime que c’est de la connaissance qui doit être comprise par tout le monde (Chrétien ou pas). Je me suis inspirée d’ailleurs du Pape Benoît XVI qui publie chez Flammarion alors que le Vatican est assez puissant pour avoir sa propre maison d’Edition. C’est bien d’aller dans une maison d’Edition où il y a un comité de lecture. Celle qui a publié mon livre a un comité de lecture qui compte 120 membres qui ont lu le livre et décidé de le publier. C’est déjà pour moi un retour, une évaluation importante. Et pour ce livre particulièrement, je l’ai envoyé à 6 maisons d’Edition qui l’ont toutes accepté. Les 6 l’ont accepté et c’est moi qui ai dû choisir une parmi ces maisons. Je crois que pour moi, des maisons d’Edition avec comité de lecture qui ont accepté de le publier, ça donne déjà des idées sur son contenu. L’autre privilège que j’ai eu, c’est que l’ouvrage a été préfacé par l’Ivoirien Kakou Ernest Tigori qui a reçu en 2017, le Prix Littérature Nelson Mandela. Il ne jouerait pas sa notoriété pour préfacer un ouvrage qui n’est pas de bonne qualité.

 
Dans le cadre de la promotion, est-ce que vous prévoyez une tournée dans certains pays en Afrique notamment en Côte d’Ivoire ?

Bien sûr, la Côte d’Ivoire c’est un pays où il y a énormément de Chrétiens et c’est mon pays de cœur. Quand je vivais encore au Gabon, je ne passais jamais une année sans aller en Côte d’Ivoire. Je suis fondamentalement Africaine et j’aimerais bien faire cette tournée ; on a déjà des contacts dans certains pays : au Togo, en Côte d’Ivoire, au Benin, au Cameroun, etc.

Recueillis par Robert KRA à Paris
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