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Le Haut-commissariat de la République dans ses meubles : L’ombre d’Omar Bongo Ondimba
Publié le mercredi 16 mars 2022  |  Gabon Review
El
© Autre presse par DR
El Hadj Omar Bongo Ondimba
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Depuis octobre 2009, jamais on n’a vu autant d’anciens collaborateurs de l’ancien président de la République réunis dans une même instance. A eux de tirer les leçons du passé.

Répartition géo-ethnique, récompense aux meilleurs affidés, prime à la félonie et, cadeau empoisonné aux potentiels adversaires : pendant un plus de quatre décennies, cette recette a fonctionné. Fondement de la stratégie de cooptation des élites politico-administratives, elle a permis au régime de donner l’illusion d’un perpétuel renouvellement, lui assurant une longévité hors du commun. Arrivé au pouvoir en 2009 dans des conditions controversées, s’étant maintenu en 2016 d’une manière peu orthodoxe, Ali Bongo a tôt fait de la remettre en cause. Quelques années plus loin, il donne le sentiment de faire machine arrière, chaussant les bottes de son prédécesseur. De façon éclatante, la composition du Haut-commissariat de la République apporte la preuve de cette volonté de revenir à des pratiques éprouvées. Même si elle n’est pas pour déplaire, quand bien même elle laisse croire au retour à une certaine rigueur administrative, la nomination de Michel Essonghé comme haut-commissaire général atteste d’une remise en cause.

Volonté de recentrage

Depuis octobre 2009, jamais on n’a vu autant d’anciens collaborateurs d’Omar Bongo Ondimba ou personnalités de son ère, autant d’hommes d’expérience aux parcours divers et variés, réunis dans une même instance. Un ancien Premier ministre (Jean Eyéghé Ndong), des anciens ministres (Michel Essonghé, Flavien Nzengui Nzoundou, Zéphirin Rayita, Fréderic Massavala,), des anciens membres du cabinet présidentiel (Raphaël Ntoutoume Nkoghé…), des anciens cadres des partis de la majorité (Rose Allogho Mengara, Carlos Okinda), des personnalités du milieu des affaires (Marcel Abéké, Pierre Ngoua Obiang), des officiers généraux (Léon Nzouba) et des vieux baroudeurs de la scène politique nationale (Maxime Ondimba, Joséphine Andeme Manfoumbi) : si on ne parlera pas de tête-à-queue, on y voit l’aveu d’un cuisant échec dans la gestion des ressources humaines. En tout cas, on est face à un inédit regroupement de «fils spirituels» ou d’héritiers d’Omar Bongo Ondimba.

Certes, on n’ira pas jusqu’à parler d’un retour en force des caciques du Parti démocratique gabonais (PDG). Mais, la volonté de recentrage semble évidente. Dirigé par l’ancienne plume de l’ancien président de la République, le Haut-commissariat de la République compte aussi en son sein son dernier Premier ministre, un de ses plus fidèles aides de camp, un de ses adjoints au directeur de cabinet et un de ses anciens conseillers en communication. L’ouverture au reste de la société pour mieux en appréhender les attentes ? Elle s’est faite en direction de personnalités ayant émergé sous sa férule. C’est dire si l’ombre d’Omar Bongo Ondimba planera sur cette entité censée assister «le président de la République dans l’évaluation, le suivi et la mise en œuvre de son action politique.»

Préceptes de leur mentor à tous

Comme sous Omar Bongo Ondimba, la composition de cette entité reflète des considérations ethniques, provinciales et politiciennes. D’essence technique, elle est essentiellement composée d’hommes politiques, certes d’expérience mais trop retors pour une telle tâche. On y trouve des managers mais pas d’économistes ou de financiers, des administratifs mais pas des juristes, des politiques mais pas des spécialistes en planification. Encore moins des gestionnaires de projets. Est-ce un gage de «pragmatisme» ? Si on se gardera d’être définitif, on peut afficher de la réserve. «Que la classe politique parle du pays et pour le pays qu’elle doit servir. Que la classe politique parle du peuple et pour le peuple qu’elle doit représenter», lançait pourtant l’ancien président de la République, le 1er décembre 2007, dans un discours aux accents de testament politique, ajoutant : «Il est (…) temps que la classe dirigeante (…) cesse de s’investir pour elle-même au détriment de l’action publique.» Y sommes-nous ? Voire…

Pour mieux aborder les défis du moment, les membres du Haut-commissariat de la République sauront-ils tirer les leçons de l’ère Omar Bongo Ondimba ? A eux d’en faire la démonstration. A eux de «faire du neuf avec du vieux.» Comme dirait leur mentor à tous, il leur revient de se départir de «l’ethnisme, (du) clientélisme, (de) l’affairisme, (de) la corruption, (de) la politisation outrancière et (du) népotisme qui ont gangrené les pouvoirs publics.» A cette fin, ils doivent se souvenir de deux préceptes édictés par lui : d’abord, «l’État se doit d’être juste et protecteur par l’application des lois en vigueur, en même temps qu’il doit sévir lorsque ces lois sont transgressées et bafouées» ; ensuite, «l’Etat doit inspirer confiance, assurer et rassurer par son dynamisme dans tous les secteurs d’activité relevant de ses compétences.» Pour Michel Essonghé et ses pairs, le plus dur commence…
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