Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment
Accueil
News
Société
Article
Société

Enquête : Bassin versant de Nzeng-Ayong : À qui incombe l’entretien ? Qui termine l’ouvrage ?
Publié le mardi 1 fevrier 2022  |  Gabon Review
Les
© Autre presse par DR
Les travaux d’aménagement du bassin versant de Nzeng-Ayong avance malgré tous les aléas rencontrés
20 Mai 2017.
Comment


Provisoirement réceptionné le 9 novembre dernier par le Premier ministre, le bassin versant de Nzeng-Ayong mérite davantage d’attention. Comportant notamment un canal d’évacuation des eaux pluviales et usées et une rue piétonne, l’entretien de cette infrastructure colossale, ayant englouti plus de 12 milliards de francs CFA, est au cœur des débats dans le plus grand quartier de Libreville. Faute d’entretien et s’il ne débouche pas sur un bras de mer (1,7 km reste à construire), le canal finira en dépotoir causant les inondations qu’elle est censée solutionner. À qui incombe ces missions ?

Projet structurant bien accueilli dans le plus grand quartier de la capitale, intégrant le Programme prioritaire d’assainissement des bassins versant de Libreville, la construction du Bassin versant de Nzeng-Ayong, dans le 6e arrondissement, devrait contribuer à la résorption des questions liées à l’adaptation au changement climatique, avec une tendance à l’augmentation, au Gabon, des pluies et des inondations, tant en intensité qu’en fréquence. L’infrastructure comporte un canal en béton armé sur un linéaire de 2,3 Km, une piste de servitude en pavés de 2,3 Km ; 5 ponts et de 4 passerelles piétonnes en béton armé. Il y a cependant que la question de l’entretien de cet édifice se pose avec acuité au regard de l’incivisme de la population, mais également de l’absence de planification et d’anticipation du gouvernement pour ce genre de problématique.

«Construire c’est bien, mais entretenir c’est encore mieux»

Lors de sa réception provisoire, en effet, la question d’entretien a abondamment été évoquée par toutes les parties et singulièrement par le ministre des Travaux publics (TP), Léon Armel Bounda Balondzi. «Construire c’est bien, mais entretenir c’est encore mieux», laissait-il entendre. En substance, l’entretien du bassin versant avec toutes ses composantes n’a, visiblement, pas été prise en compte dans ce projet. «Qu’est-ce qui est prévu pour la suite? A qui incombe l’entretien de cette infrastructure ?». Des questions d’autant plus pertinentes que, selon plusieurs sources, le ministère des TP et la mairie d’arrondissement se rejettent les responsabilités.

Si la mairie se demande avec quel budget devrait-elle s’occuper de cet investissement, de l’autre côté, le ministère affirme qu’il n’a pas de ligne budgétaire affectée à cette tâche. «C’est un jeu de ping-pong auquel se livrent la mairie et le ministère des TP qui a pourtant construit cette infrastructure», déplore un habitant de la zone impacté par le canal.

Réfrigérateurs abandonnés, déchets divers dans le canal : finir « comme celui de Batavéa » ?

Faute de solutions appropriées, Léon Armel Bounda Balondza appelait la population au civisme. Il soulignait «le fait que le maintien des ouvrages d’assainissement, en bon état de service, dépend en grande partie du comportement des populations avoisinantes et autres usagers». «Il importe donc que les riverains du bassin versant de Nzeng-Ayong soient sensibilisés aux conséquences dommageables qui découlent du rejet des déchets de toute nature et de toute taille, dans le canal ainsi aménagé», déclarait-il.

Toujours est-il que l’on retrouve déjà dans le canal de vieux frigidaires, des déchets de toutes sortes, de même que l’herbe a commencé à gagner les trottoirs de la ruelle et les abords du canal. «On a peur que ce canal devienne comme celui de Batavéa», a laissé entendre un autre habitant de la zone.

Se jetant à la mer devant le siège de la CNSS et traversant les quartiers Akébé, Likouala et autres, le canal de Batavéa, en plus d’être devenu le dépotoir de la population environnante, a également subi l’usure du temps en l’absence d’entretien. L’infrastructure n’a quasiment pas été curé depuis des décennies et les détritus de toutes sortes s’y sont accumulés, enrobés par la terre drainée par les eaux usées des ménages et de pluie. Or, comme l’affirmait Bounda Balondzi, l’objectif essentiel de cet ouvrage, comme de celui de Nzeng-Ayong, «reste l’amélioration des conditions de vie des populations confrontées aux récurrents problèmes des inondations qui sont sources des maladies hydriques et de perte en vie humaine par noyade». Il faut donc y apporter des solutions pérennes lorsqu’il en est encore temps.

Au lieu d’une inondation tous les 20 ans, le canal en enregistre déjà 10 par an

Ce que l’on ne sait pas, c’est que selon les voies autorisées, le canal de Nzeng-Ayong, qui a pourtant la capacité de s’auto nettoyer, reçoit toutes les eaux, tous les déchets collectés depuis les quartiers périphériques et les entraine vers l’aval… obstrué et bouché. L’infrastructure sera, en outre, raccordé au bassin versant de Terre-Nouvelle, en construction. Une situation devant accélérer la dégradation du bel ouvrage de Nzeng-Ayong qui, selon des sources concordantes, est calibré pour une inondation tous les 20 ans. Or, depuis sa mise en service, une dizaine d’inondations y a été enregistrée sur une seule année. «Tout ça s’est parce que le canal ne se jette pas là où il faut. Il s’arrête malheureusement en chemin : au pont de la Nouvelle-Cité. Si les choses demeurent en l’état, il faut savoir qu’il y aura accumulation de vase, de terre, des déchets. Il y aura un impact sur la structure du canal qui n’est pas fait pour résister à ces charges et à la fin, on risque d’avoir des cassures», explique un technicien des TP.

Or, faute d’entretien, des avaries surviendront sur la structure, impactant par voie de conséquence tout l’environnement dans le périmètre du canal. Des habitations pourraient donc voir leur architecture s’affaiblir voire s’effondrer et la servitude pavée se dégradera très vite… en cinq ou six mois seulement après la livraison selon les explications d’un ingénieur structure. Le ministère des TP doit donc se mettre en alerte puisque, depuis la mise en service de ce bassin versant, des immondices s’amoncèlent en aval et progressent dans le canal au fil du temps. Avec l’arrivée des pluies, la situation va absolument s’aggraver avec des risques de débordement.

1,7 kilomètres pour achever le bassin versant

Instruits ou ayant tout simplement le sens de l’observation, les habitants des zones impactées par ce canal pointent également l’inachèvement du projet. Étalé sur un linéaire de 2,3 kilomètres, le canal de Nzeng-Ayong part de l’échangeur éponyme au pont de la Nouvelle-Cité. Il est censé drainer les eaux de pluviales et les eaux usées des ménages. Au terminus, cet énorme débit fini, malheureusement, par s’éparpiller dans les quartiers situés au bout du canal. «Où pensez-vous que va toute l’eau drainée par ce vaste canal d’environ 15 mètres de largeur ?», interroge encore un riverain du pont de recipe Nouvelle-Cité.

«Il y a 1,7 kilomètres qui reste pour achever le bassin versant et l’amener vers le bras de mer. Sinon, cet édifice ne sert à rien. Il risque d’être un éléphant blanc au sens où les études n’ont pas pris en compte toutes les dimensions et aspects du projet. Où vont toutes les eaux drainées un fois sorties du canal ?». La préoccupation de ce riverain n’est pas fortuite. Il y a en effet que les inondations résolues en amont en créent maintenant en aval du fait d’une sorte de cul-de-sac au bout du canal actuel. La rengaine est connue : on évoquera toujours des problèmes de trésorerie pour justifier la non-construction du tronçon restant du canal jusqu’au bras de mer.

Lancé en 2012, l’aménagement du bassin versant de Nzeng-Ayong, dans le 6ème arrondissement de Libreville est une belle bouffée d’oxygène pour ce quartier, jadis en proie à des inondations récurrentes. L’investissement est chiffré à plus de 12 milliards de francs CFA, financés par le Gabon et l’Union européenne, via le 10e Fonds européen de développement (Fed). Les autorités gouvernementales et leurs partenaires techniques et financiers se doivent étudier les contours de l’achèvement de ce projet. Faute de quoi sa pertinence, son efficacité et son opportunité seront plombés.
Commentaires


Comment