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[Covid-19] Rapport de l’enquête parlementaire : Boukoubi, ennemi de la transparence
Publié le mardi 18 janvier 2022  |  Gabon Review
Faustin
© Autre presse par DR
Faustin Boukoubi , président de l’Assemblée nationale.
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Le président de l’Assemblée nationale banalise la culture de la dissimulation et de l’opacité. Son propos est indigne de sa fonction.

A la tête de l’Assemblée nationale depuis trois ans, Faustin Boukoubi n’y est pas à son avantage. A chaque événement, il laisse le sentiment de ramer à contre-courant. Durant la traque de Justin Ndoundangoye, il s’était montré incapable d’exiger le minimum de respect dû à son collègue, organisant la levée de son immunité par un vote à main levée. Durant la révision constitutionnelle de janvier 2021, comme lors des modifications du Code pénal et du Code civil ou encore au moment de l’adoption de la loi sur les catastrophes sanitaires, il a agi comme le voulait l’exécutif, organisant des votes à marche forcée, sans véritable débat. Malgré les protestations de l’opposition ou les railleries de l’opinion, l’homme se comporte toujours comme un supplétif du gouvernement. Récemment encore, il s’est prononcé pour «la non-publication» du rapport de l’enquête parlementaire sur la gestion de la Covid-19. En agissant de la sorte, il a banalisé la culture de la dissimulation et de l’opacité, jetant l’opprobre sur son institution.

Manquements à la vertu publique

A lire le président de l’Assemblée nationale, le contrôle parlementaire ne vise ni à rendre l’action publique plus efficace ni à l’adapter aux attentes des populations. Son objectif est plutôt de rassurer l’exécutif en lui réaffirmant le soutien du législatif. S’il a prétendu avoir soumis le rapport «à l’appréciation du bureau, qui l’a présenté à la conférence des présidents avant l’examen en plénière», Faustin Boukoubi a révélé avoir choisi le vote main levée. Or, ce mode de votation est le moins démocratique de tous. Conçu pour influencer les votants, il permet de les intimider : en affichant leurs opinions, les députés s’exposent aux représailles de leurs formations politiques. On l’a vu au lendemain de la dépénalisation de l’homosexualité, le Parti démocratique gabonais (PDG) n’ayant pas hésité à prononcer des sanctions contre 25 parlementaires.

En optant systématiquement pour le vote à main levée, l’ancien secrétaire général du PDG poursuit un objectif peu démocratique, mais résolument politicien : la défense de la discipline partisane, au mépris des intérêts de la communauté nationale. En le révélant, il avait un but peu républicain, mais foncièrement personnel : apparaître comme le gardien du temple pour mieux s’attirer les faveurs du régime. Même s’il a proclamé sa volonté d’édifier les populations sur les «obligations et prérogatives» des députés, son propos est indigne d’un élu national. Encore plus de sa fonction. Comme si le mandat impératif n’était pas nul, il n’a jamais défendu les fondamentaux du mandat représentatif. A aucun moment, il n’a laissé le sentiment d’être au service de la nation ou de faire écho aux aspirations des citoyens. En demandant à l’opinion de comprendre «pourquoi (…) (le rapport) n’est pas rendu public», il s’est posé en ennemi de la transparence, s’accommodant des manquements à la vertu publique.

Droit à l’information et loi du silence

Par son exercice de propagande politicienne, le président de l’Assemblée nationale a laissé transparaître une faible imprégnation à l’esprit de nos institutions. Plus prosaïquement, il a étalé une curieuse compréhension des relations entre le Parlement et le gouvernement, d’une part, et le Parlement et la population, d’autre part. Fait-il seulement la différence entre mandat impératif et mandat représentatif ? Etablit-il le distinguo entre souveraineté nationale et souveraineté populaire ? Participe-t-il à prévenir les excès de l’exécutif en faisant la promotion du vote à main levée ? Œuvre-t-il à une meilleure séparation des pouvoirs en exposant ses collègues ? Agit-il au nom et dans l’intérêt du peuple en s’engageant à ne pas publier un rapport d’enquête ? Aide-t-il à la promotion puis au respect du droit à l’information avec de telles pratiques ? Sauf à faire montre de sectarisme partisan, on peut difficilement répondre par l’affirmative.

Aux dire de Faustin Boukoubi «deux ans plus tard, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.» «Les réalités ne sont plus les mêmes», a-t-il tranché. Ce faisant, il a invité l’opinion à oublier ce rapport et à passer à autre chose. Littéralement, sa suggestion peut faire sens. Mais, d’un point de vue démocratique ou institutionnel, elle ne se justifie guère. On ne peut lutter contre la corruption en demandant aux citoyens de renoncer à leur droit à l’information. De même, on ne peut œuvrer à l’amélioration de la gouvernance en militant pour la loi du silence. Pour toutes ces raisons, l’Assemblée nationale a intérêt à publier ce rapport. Autrement, elle pourrait être prise de vitesse, au risque de perdre de son honorabilité. Déjà, des fuites ont été enregistrées. Aux députés de prendre la mesure de la menace et d’en tirer les conséquences.
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